On ne les avait pas entendus protester il y a un mois, quand François Hollande avait fait cette annonce devant le parlement réuni en Congrès. L'émotion retombée, les langues socialistes se sont déliées. Voter la déchéance de nationalité pour les binationaux condamnés pour terrorisme, une revendication historique du FN, reprise par une partie de la droite, il n'en est pas question. Au-delà du symbole politique, ils sont nombreux à gauche à faire cette analyse, y compris au gouvernement, sous couvert de l'anonymat : « ca serait stigmatiser les quatre millions de binationaux comme présumés coupables ».
« Cela ne fait qu'accréditer les thèses de Marine Le Pen visant à dire qu'il y a les vrais Français de souche et les Français de papiers. », estime le député de Seine-Saint-Denis, Mathieu Hanotin.
« Je préfère que quelqu'un qui ait attaqué notre pays, soit jugé en France, en prison en France et ensuite surveillé, plutôt qu'il soit envoyé dans un autre pays et qu'on ne sache pas quand il peut intervenir ou revenir », a déclaré la député écologiste Cécile Duflot.
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Signe qu'un rétropédalage est en cours devant la levée de boucliers, le Premier ministre lui-même a fait part de ses doutes il y a quelques jours en petit comité sur l'air de « ca n'est pas dissuasif : comment imaginer qu'un kamikaze ait peur de ne plus être français ? »
Le terrain est préparé, la droite est donc à l'affût. Si jamais ce retrait est bien officialisé, dit un ténor, alors on dira qu'une révision de la Constitution est inutile. Comprendre : on aura un argument pour refuser l'affichage de cette concorde nationale qui réussit si bien au président.