Avec notre correspondant à Marseille, Stéphane Burgatt
Quitter le camp de Nicolas Sarkozy pour le Front national était une question de courage, explique Franck Allisio. « Il en faut, pour quitter une famille politique quand on y milite depuis douze ans, qu'on y connait évidemment beaucoup de gens, qu'on est dans l'équipe dirigeante », confie le désormais ex-président national des Jeunes Actifs du parti Les Républicains.
Une rupture personnelle
Après 12 années de militantisme au sein de l’UMP, puis des Républicains, dont cinq passées dans des cabinets ministériels, Franck Allisio présente cette décision difficile comme le résultat d’une longue réflexion. « D'abord, on a un malaise. Puis après, on se dit : je ne vais pas, comme ça, rester avec un " mur de Berlin ", je vais aller voir de l'autre côté. Et en échangeant plusieurs fois, je me suis rendu compte que la personne avec qui je partageais le plus de choses aujourd'hui sur la scène politique, et bien c'est Marion Maréchal-Le Pen. »
S’il ne regrette rien de ses choix politiques passés, l'ancien militant des Républicains fait aujourd’hui un procès personnel en illégitimité à Nicolas Sarlozy : « Clairement, le Nicolas Sarkozy de 2007, pour lequel je me suis engagé à 200 %, n'est pas le même qu'aujourd'hui, dit-il. Alors, un milliard de choses se sont passées, mais je n'ai pas envie que Nicolas Sarkozy, de retour au pouvoir, fasse la politique d'un François Bayrou ou d'un Alain Juppé. Je n'aurais pas, au final, la politique que je souhaite pour redresser et sauver mon pays. »
Communiqué lapidaire
Franck Allisio espère que sa décision médiatisée inspirera d’autres militants de la Droite populaire, l'un des principaux courants de l'ex-UMP. Mais pour l'heure, ses anciens amis du bureau des Jeunes Actifs se sont fendus d'un communiqué très virulent à son encontre.
Ils dénoncent son « inertie » au cours des derniers mois, présentée comme une source de « paralysie » pour l'organisation. « Nous regrettons que Franck Allisio, plutôt que de prendre sa part à la transition, ait choisi de sacrifier toutes les valeurs que nous défendons pour un plat de lentilles », peut-on lire sur la page Facebook de l'organisation.
Selon les Jeunes Actifs, l'ancien président du mouvement a, au fond, monayé « un mandat de conseiller régional auquel il ne pouvait plus prétendre au sein des Républicains après avoir divisé dans chacune des fonctions qu'il avait occupées ». « Gageons qu'il saura faire un usage immédiat de ses qualités de diviseur au sein du Front national, devenu un véritable champ de bataille de petites haines familiales », ajoutent-ils.