Au coeur de la polémique d'été, voilà la journée israélienne à Paris Plages, programmée pour le jeudi 13 août. La mairie de Paris propose de faire découvrir, le temps d’une journée, l’ambiance festive et libérale de la célèbre ville côtière israélienne, avec vente de spécialités locales, musique, activités sportives et même une « Tel-Aviv Beach Party », animée par un DJ.
Or l’initiative a fait bondir beaucoup de gens, au point que depuis le weekend dernier le hashtag #TelAvivSurSeine est devenu sur Twitter l’un des plus partagés. En voici quelques échantillons : « Anne Hidalgo, pas trop dur de dormir la nuit et cautionner un régime barbare ? », écrit un internaute. « Les Arabes devront-ils passer un check-point ? », s’interroge un autre. La prose des opposants est agressive et frise souvent l’antisémitisme. Les analystes se demandent si tout cela n'est pas simplement un buzz créé par une poignée de militants pro-palestinens.
« Tel-Aviv n'est pas Copacabana »
Paris Plages a célébré au cours des dernières années Athènes, Copacabana ainsi que d’autres plages réputées du monde. Mais célébrer Tel-Aviv divise le grand public, tout comme la classe politique. D’ailleurs, la polémique aurait commencé par un coup de gueule de la conseillère de Paris, Danielle Simonnet, membre du Parti de gauche et proche de Jean-Luc Mélenchon.
Mme Simonnet rappelait à l'antenne de France Inter que, justement, Tel-Aviv n’était pas Copacabana, mais une métropole israélienne où un incendie criminel attribué à des extrémistes juifs vient de tuer un bébé palestinien pas plus tard que le 31 juillet. Ancien député et président honoraire de l’Association France-Palestine, Jean-Claude Lefort, que RFI a interrogé, condamne lui aussi cette initiative de la mairie de Paris et appelle la maire Anne Hidalgo à annuler la manifestation.
« Cette situation provoque, explique l'ancien député, une grande irritation et une grande émotion parmi la population. Les sondages montrent que 65 % des Français sont hostiles à cette idée. Pour éviter tout débordement sécuritaire, l'association France-Palestine demande que cette manifestation soit non seulement annulée, mais interdite. »
Menaces sécuritaires
Compte tenu du tollé que cette initiative suscite, la mairie de Paris a-t-elle le choix de faire autrement que d’annuler l’événement ? La question se pose d'autant qu'il y a un aspect sécuritaire dans cette polémique, comme l'a rappelé Jean-Claude Lefort. Des associations pro-palestiniennes appellent en effet à manifester « toute la journée » le jeudi 13 août si l’événement n’était pas annulé.
Craignant des débordements, les organisateurs de Paris Plages ont prévu un important service de sécurité. Ils font aussi de la pédagogie sur le côté uniquement festif de l’événement. S’inscrit dans ce souci pédagogique la tribune publiée par la maire Anne Hidalgo, mardi, dans les colonnes d’un grand journal du soir, rappelant d’une part l’aspect progressiste de Tel-Aviv ouverte à toutes les minorités, et d’autre part, les coopérations décentralisées que Paris entretient avec des villes palestiniennes, comme Jéricho ou Bethléem.
« Nos pactes d’amitié avec Tel-Aviv ou Haïfa ne nous ont pas empêchés en tant que ville, de reconnaître la Palestine avant l’Etat français », écrit la Maire de Paris. Ces efforts de communication tardifs suffiront-t-ils pour désamorcer la crise que l’invitation faite à Tel-Aviv de participer à Paris Plages a entraînée ? Rien n’est moins sûr.