L'enquête était bouclée, le film avait même un titre : « Evasion fiscale, une affaire française », et il devait être diffusé dans le magazine Spécial investigation, produit par la société KM Production. Nicolas Vescovacci, l'un des auteurs de l'enquête, n'en revient toujours pas de cette déprogrammation : « Le film a été validé par les responsables éditoriaux de Spécial Investigation, validé aussi par la juriste ainsi que par la communication de Canal+. Sauf qu'une fois que ce film a été validé, il a été retiré purement et simplement de l'antenne. Moi j'appelle ça une censure».
Selon Mediapart, Vincent Bolloré serait intervenu, au nom de ses liens d'amitié avec le patron du Crédit Mutuel. Des liens commerciaux aussi puisque la banque a conseillé Vivendi pour le rachat de la chaîne. Une intervention qui ne surprendrait pas le journaliste de KM Production, Nicolas Vescovacci : « M. Bolloré a l'habitude d'intervenir directement dans les médias qu'il contrôle. Il se trouve que le patron du groupe Crédit Mutuel-CIC est quelqu'un qui est proche de Vincent Bolloré. M. Bolloré serait donc intervenu directement pour que ce film ne soit pas diffusé sur son antenne. Je n'en ai pas la preuve formelle, mais qui d'autre qu'un grand patron interventionniste aurait pu prendre cette décision à part M. Bolloré ou la haute direction de Canal+ ? Je ne vois pas ». De son côté, Canal + n'a pas donné suite aux demandes d'interview de RFI.