On ne peut donc pas organiser un congrès postal. Le Front national avait en effet décidé de consulter ses militants par courrier plutôt que de convoquer leurs représentants pour une réunion physique.
L’objet du congrès ? Les militants devaient se prononcer sur une refonte des statuts du parti d'extrême droite. Parmi le paquet de mesures proposées se trouve la suppression de la fonction de président d'honneur, occupée actuellement par Jean-Marie Le Pen.
Dans les faits, ce congrès a bien eu lieu et les militants se sont prononcés. Ils ont été 30 000 sur les quelques 50 000 adhérents du FN à voter. Ces bulletins, envoyés par courrier étaient gardés sous scellés. Mais Marine Le Pen entend dépouiller le vote et publier le résultat. Le congrès postal était vraisemblablement très majoritairement favorable à la présidente du FN et aux nouveaux statuts du parti. Le résultat aura donc une « incontestable autorité politique » a dit la présidente du FN dans un communiqué de presse publié mardi.
Mais ce vote n'a désormais plus aucune valeur juridique. Pour le tribunal, ce congrès postal ne respecte pas les statuts du parti en vigueur actuellement. Le parti va donc devoir organiser un congrès physique s'il souhaite trancher ces questions, notamment celle de l'éviction de Jean-Marie Le Pen.
Voilà qui pourrait faire encore durer le conflit. Une mauvaise nouvelle pour Marine Le Pen qui doit faire sa rentrée politique dans quelques semaines, et annoncer son entrée en campagne dans le Nord-Pas-de-Calais, pour les régionales de décembre prochain.
Troisième victoire de Jean-Marie Le Pen
Le cofondateur du Front national n'avait que peu apprécié cette tentative de le mettre sur la touche et avait donc porté l’affaire devant la justice. C’est victoire judiciaire est la troisième de Jean-Marie Le Pen face au parti qu'il a cofondé. Outre cette double victoire portant sur le congrès, il avait obtenu début juillet l'annulation de sa suspension en tant qu'adhérent, prononcée début mai par les instances dirigeantes. Le FN a fait appel.
Sa fille, Marine le Pen, désormais à la tête du parti, et son entourage, avaient décidé de mettre le père sur la touche à la suite de nouvelles provocations sur les chambres à gaz en avril dernier. Il leur faudra donc trouver autre chose. Pour le député FN Gilbert Collard, les propos de Jean-Marie Le Pen n'engage dorénavant plus son parti. « C’est la cour d’appel de Versailles qui décide que monsieur Jean-Marie Le Pen peut continuer à s’exprimer en disant ce qu’il veut, en étant encore membre du Front national, mais c’est désormais la responsabilité de la cour de Versailles, ce n’est plus la notre. »
Jean-Marie Le Pen, lui, salue une « défaite personnelle » de Florian Philippot, son ennemi déclaré au sein du parti et un « succès pour tous les patriotes, tous les militants, tous les adhérents et les électeurs du Front national », qui, estime-t-il, assistent, « un peu désolés », à « l'orientation qui a été donné au mouvement depuis quelques mois ».