Le Congrès devait en principe s'achever ce vendredi. Les 51 000 adhérents du parti étaient consultés sur une réforme des statuts qui avait notamment pour but d'entériner la suppression de la présidence d'honneur du parti. Un moyen mis en place par la présidente du parti, Marine Le Pen, pour écarter son père des instances de décisions. Sauf que la justice en a décidé autrement, le juge des référés du tribunal de grande instance de Nanterre a estimé que le FN n'avait pas respecté ses statuts.
En cause : la tenue du congrès par voie postale. Une telle procédure ne peut avoir lieu pour la modification d'un statut. Le parti devra donc organiser un congrès physique, ce dont le FN ne veut pas entendre parler. Résultat, la formation d'extrême droite a annoncé qu'elle allait faire appel de cette décision, qu'elle qualifie d'ingérence et de grave entrave à la démocratie. En clair, elle dénonce là un complot. Jean-Marie s'est lui au contraire félicité de cette victoire.
Au final, cette décision risque d'être lourde de conséquences pour Marine Le Pen. Non seulement la présidente du FN essuie là un deuxième revers judiciaire en l'espace d'une semaine. Mais plus embêtant encore, la tenue d'un congrès physique pourrait venir perturber sa campagne des Régionales.
« Complot » ourdi par l'exécutif
D'ailleurs, cette décision a visiblement été très mal vécue au sein du Front national. Les cadres n’ont pas souhaité s’exprimer sur le sujet. Marine Le Pen non plus n’a pas réagi. Seul un communiqué du parti a été envoyé à la presse. La décision du tribunal de grande instance de Nanterre y est qualifiée d'« ingérence » et de « grave entrave à la démocratie ». On soupçonne ouvertement le gouvernement d’être derrière toute cette affaire. « Je ne peux pas m'empêcher de penser que la justice n'est pas totalement indépendante et qu'il y a pu avoir des interventions d'une certaine madame Taubira », Bernard Monot, eurodéputé Front national.
La théorie du complot, un argument pourtant balayé d’un revers de main par un membre historique du FN, Bruno Gollnisch. Ce proche de Jean-Marie Le Pen avait lui au contraire anticipé cette décision : « Je ne suis pas étoné car j'avais attiré l'attention de mes amis du Front nationale sur le fait que la procédure me paraissait juridiquement contestable. Un congrès d'une telle importance qui a pour but de revoir sa charte fondamentale ne peut pas se résoudre à une simple consultation postale où l'on coche une case par oui ou par non. »
Le parti a annoncé hier qu’il faisait appel de cette décision.