Ce n’est pas le Champagne en tant que vin effervescent et festif qui entre au patrimoine mondial de l’Unesco. Il s'agit en fait de trois sites bien particuliers dans la région du même nom.
D’abord, l'avenue de Champagne à Epernay, où sont alignées de prestigieuses maisons de négociants de vin. Elles surplombent des kilomètres de caves où vieillissent des millions de bouteilles. Ensuite, c’est une colline, celle de Saint-Nicaise à Reims, dont les sous-sols recèlent les immenses crayères utilisées comme espace de vinification et de stockage depuis le Moyen Age. Il y a enfin les coteaux historiques autour d'Epernay, notamment ceux du village d'Hautvillers dont la célèbre abbaye abrita le moine Dom Pérignon, qui selon la légende inventa la seconde fermentation propre au Champagne.
Du côté de la Bourgogne, ce sont les « climats » de la Côte de Nuits et de Beaune qui entrent au patrimoine mondial. « Les climats », c'est ainsi que les viticulteurs locaux nomment leurs coteaux, plus de 600 micro-parcelles qui produisent des vins parmi les plus prestigieux et les plus chers du monde, la Romanée-Conti ou le Montrachet, par exemple.
Michel Veron, professeur d'œnologie en Champagne se réjouit. Pour lui, c’est toute une culture viticole qui est primée aujourd'hui. Il ne considère pas le vin, le Champagne et le Bourgogne en particulier, comme un bien de consommation mais comme un produit culturel. « C’est un patrimoine. Chaque bouteille de Bourgogne est une œuvre d’art, une œuvre de l’esprit. Un Champagne et un Bourgogne lorsqu’il est élaboré, c’est d’abord dans l’imagination d’un vigneron, d’un élaborateur, d’un chef de cave et d’un œnologue. Après, il y a la conjonction de tous ces savoirs-faire. On pense à la prise de mousse en Champagne qui est importante, mais pas que ça, c’est quasiment une démarche philosophique. »
Une consécration pour ces deux régions viticoles. L'Unesco estime que ces inscriptions au patrimoine mondial peuvent générer une augmentation de 20 % de la fréquentation touristique.