L’encre du quotidien Le Monde n’était pas encore sèche quand l’Elysée a publié un communiqué pour le moins laconique : « La France ne peut pas donner suite à la demande de Monsieur Assange. Sa vie n’est pas en danger. »
« C’est une honte », a immédiatement réagi Jean-Luc Mélenchon, tandis que les écologistes estiment que « la République est déshonorée ». Au-delà de la tornade politique provoquée par cette décision dans l’Hexagone, la question de la protection des lanceurs d’alerte se pose à nouveau. Dans sa lettre à François Hollande, Julian Assange, demande un geste humanitaire et symbolique qui encouragerait tous les journalistes et les lanceurs d’alerte. Sous mandat d’arrêt européen, l’activiste australien qui craint d’être extradé aux Etats-Unis est reclus depuis trois ans à l'ambassade d'Equateur à Londres. Il considère que seule la France se trouve aujourd'hui en mesure de lui offrir la protection nécessaire contre les persécutions politiques dont il fait l'objet.
Et pourtant, personne ne peut être surpris de la réponse de François Hollande. Ce n’est pas la première fois que Paris exclut d’accorder l’asile au fondateur de WikiLeaks. La France, il y a deux ans, avait même empêché l’avion du président de l’Equateur de survoler son territoire, parce qu'elle croyait que s’y trouvait Edward Snowden, autre lanceur d’alerte planétaire poursuivi par les Etats-Unis.
Aujourd'hui, l'Elysée se retranche derrière le mandat d'arrêt européen lancé contre Julian Assange. La réalité est plus triviale. On l'a vu la semaine dernière : les Etats-Unis ont beau avoir espionné les téléphones de trois présidents de la République, pas question de se fâcher avec l'allié américain dont la France dépend pour lutter contre le terrorisme. Julian Assange, dans sa lettre, invoque la patrie des droits de l'homme, mais en la matière, François Hollande fait juste de la realpolitik.