« Si Canal a été +, c'est beaucoup à Alain de Greef qu'on le doit. Ce soir, il nous a fait un très mauvais programme », a tweeté pour sa part Laurence Gallot, de la direction de la communication de la chaîne. Directeur des programmes de Canal+ depuis son lancement en novembre 1984, Alain de Greef avait été débarqué fin 2000, après la prise de contrôle de la chaîne par Vivendi, alors dirigé par Jean-Marie Messier.
Il avait largement contribué à créer le fameux « esprit Canal », mélange d'« humour potache, pertinent et impertinent » qui est devenu la marque de fabrique de la chaîne, au travers d'émissions comme Nulle part ailleurs ou les Guignols.
Ces dernières années, Alain de Greef avait rencontré divers problèmes de santé. « Je vis au rythme de mes maladies diverses et variées, avait-il dit à Satellifax, site spécialisé dans l'audiovisuel. J'ai été opéré d'un cancer de la mâchoire », avait-il confié.
Alain de Greef a consacré toute sa vie à la télévision. Il a d'abord passé quinze ans dans le service public, à l'ORTF puis à Antenne 2. Il est à l'origine avec Pierre Lescure de la célèbre émission musicale Les enfants du rock, animée par Antoine de Caunes sur cette chaîne. Il reste ensuite 18 ans à la direction de Canal+. Ces dernières années, « paisible retraité », assurait-il, il avait recentré sa vie autour du jazz et des arts plastiques.
Le comédien Omar Sy, qui s'est fait connaître dans le SAV (Service après-vente) des émissions sur Canal+, a confié dans un tweet que c'était « grâce à cet homme rare » et « audacieux » que tout avait pu commencer pour lui dans ce métier.
Alain de Greef portait désormais un regard sévère sur l'évolution de la chaîne. « Quand je regarde les programmes en clair, je suis atterré par l'omniprésence des politicards de tous bords, avec leur propagande nauséabonde, et de leurs parasites habituels, les éditorialistes » avait-il déclaré au Monde en 2014, à l'occasion des 30 ans de Canal+.
L'émission dont il était le plus fier était « sans la moindre hésitation » Les Guignols de l'info. « Un projet difficile à mettre en place mais qui, après deux années de tâtonnements, est devenu le phare de Canal+ et la marque de sa différence ». « C'est la capacité de se moquer de tout ce qui est important, de tout ce qui se prend au sérieux, de déglinguer toutes les fausses valeurs », avait-il expliqué lors d'une autre interview.