Avec notre envoyé spécial à Saint-Priest, Simon Rozé
Yassin Salhi habite avec sa femme et ses trois enfants dans un petit immeuble de quatre étages, avec une cour entourée d'arbres. Un endroit très calme où les enfants ont l’habitude de jouer.
La journée de vendredi 26 juin a donc été traumatisante pour les habitants. D’abord, la nouvelle de l’attentat à Saint-Quentin-Fallavier, à une vingtaine de kilomètres de Saint-Priest, puis la révélation du nom du principal suspect, Yassin Salhi. Enfin, l’intervention des forces de l’ordre dans l’après-midi, qui ont perquisitionné son domicile avec beaucoup de moyens : police scientifique, brigade de recherche et d’intervention.
Ils sont restés près de six heures et sont repartis en emmenant avec eux la femme et la sœur de Yassin Salhi. Si l'on ajoute à cela les caméras et les médias du monde entier, pas étonnant que ses voisins aient l’impression ce samedi matin d’être encore dans un mauvais rêve.
Ambiance pesante
« On a été choqués de savoir ce qui s'est passé, confie l'un d'eux à RFI. Jamais on n'aurait pu s'en douter. Il [Yassin Salhi ndlr] jouait souvent avec les enfants au foot en bas [de l'immeuble]. Après, on ne peut pas toujours savoir ce qui se passe. Maintenant on va se méfier de tout le monde ! »
Un autre habitant résume bien l'état d'esprit du voisinage. « On ne se réveille pas tous les jours en se rendant compte que l’on habitait le même coin qu’un terroriste. » Le sujet est évidemment sur beaucoup de lèvres, mais ce qui domine, c’est avant tout l’incompréhension. Comme souvent dans ce genre d’histoires, c’est une personne calme, qui ne fait pas de vague, qui est en cause.
A Saint-Priest comme dans toute la région, le plan Vigipirate a été renforcé au niveau maximum « alerte attentat ». Au total, 650 militaires et plus de 10 000 policiers et gendarmes sont déployés en Rhône-Alpes, essentiellement devant les sites où se rassemblent les gens, comme les centres commerciaux, mais aussi les sites industriels sensibles, les sites Seveso, comme l’usine d’Air Products qui a été visée vendredi 26 juin. Ce samedi matin, son accès était toujours bloqué par un barrage de la gendarmerie.