Il y a des tragédies qui ébranlent le pays. Comme les tueries de Montauban et Toulouse, perpétrées par Mohammed Merah en mars 2012. Trois enfants, un enseignant et trois militaires avaient été assassinés. Ou comme les attentats de janvier 2015 contre Charlie Hebdo, l'Hyper Cacher et Montrouge. Ils avaient fait 17 morts en tout. Ou comme aujourd'hui l'attentat de Saint-Quentin-Fallavier.
Entre 2012 et 2015, le calme a été bien relatif, car ponctué d'actes de violence commis à coup de cutter ou de couteau par des jeunes islamistes. En mai 2013, c'est un militaire qui est visé dans le quartier de La Défense à Paris. L'année suivante, en décembre 2014, des policiers à Joué-lès-Tours. Et en février dernier, un jeune homme, Moussa Coulibaly, blesse au couteau trois militaires devant un centre communautaire juif.
Un cauchemar devenu réalité
Il y a aussi les attentats que les autorités ont empêchés. En avril 2015, Sid Ahmed Ghlam est arrêté. Cet étudiant algérien prépare, selon la police, un attentat contre une église de Villejuif près de Paris. Il y a tous ces actes déjoués que les autorités ne dévoilent pas. Mais là, bien sûr, impossible de connaître leur nombre. Selon Bernard Cazeneuve, on sait néanmoins que quelque 130 procédures judiciaires concernant 650 personnes sont en cours en France pour des activités liées au terrorisme.
Lors des attentats qui ont visé Charlie Hebdo ou le marché Hyper Cacher, les cibles étaient connues ou identifiées comme telles. Après ces attentats, l'exécutif a lancé l'opération Sentinelle pour protéger les sites sensibles. Mais ce vendredi 26 juin, c'est un site industriel, une zone d'activité qui a été visée. Une entreprise que rien ne relie à première vue aux conflits qui ensanglantent le Proche-Orient.
Les autorités savaient et prévenaient que des terroristes pouvaient frapper à tout moment et n'importe où. Voilà désormais leur cauchemar devenu réalité. Un cauchemar qui pose un défi aux forces de l'ordre : difficile de dire désormais quels sont les sites à risque.
Plan Vigipirate au niveau maximal
Toute la question maintenant est de savoir comment réagir face à ce nouvel attentat. Rassurer, contrôler, mais ne pas tirer de leçon hâtive. Le président de la République a dit vouloir éviter l'écueil. Le plan Vigipirate a été porté à son niveau maximal dans la région Rhône-Alpes, niveau « alerte attentat ». Cela implique de manière général de « renforcer la surveillance des rondes, la sensibilisation du personnel sur la sûreté et la vigilance » sur les sites sensibles, détaille Patrick Pouchot, responsable de la communication de l'usine de chimie Vencorex située à Pont de Claix, dans la banlieue de Grenoble, elle aussi concernée par le plan.
Aux yeux du chef de l'Etat, la mesure doit permettre que tous les contrôles soient faits. D'éventuels complices sont toujours recherchés. Mais porter le plan Vigipirate à son alerte maximale est aussi un message aux Français, une volonté de rassurer alors que commencent les vacances d'été, et que gares, trains et aéroports seront très fréquentés. Au total, 650 militaires, 10 000 gendarmes et policiers sont mobilisés dans la région Rhône-Alpes. Reste que la durée de ce seuil maximal est très limitée : trois jours à peine. Même si François Hollande a rappelé que des milliers de soldats, de policiers et de gendarmes sont déjà mobilisés pour assurer la sécurité du territoire.
Mesures sécuritaires
Le problème majeur pointé par les autorités françaises suite à cette attaque, c'est l'évolution des profils des terroristes potentiels. « Nous ne sommes plus face à des groupes terroristes qui venaient de l'extérieur, commettaient des actes et repartaient, a expliqué Bernard Cazeneuve sur TF1 vendredi 26 juin au soir. Par le biais de la fréquentation d'internet, d'une propagande extraordinairement sophistiquée des groupes terroristes, un nombre de ressortissants des pays de l'Union européenne bascule dans l'activité terroriste. »
Face à cette menace, le ministre de l'Intérieur a rappelé que des mesures fortes avaient été prises par le gouvernement, avec la création notamment de « 1 500 postes dont 1 000 dans les services de renseignement et un effort de 233 millions d'euros sur trois ans pour moderniser les services ». Et de rappeler les récentes lois anti-terroristes votées au Parlement, dont celle, controversée, prévoyant l'élargissement des prérogatives des services de renseignement.