Crash de la Germanwings: Andreas Lubitz avait vu 41 médecins en 5 ans

Une information judiciaire contre X pour homicides involontaires va être ouverte dans le cadre de l'affaire du crash de la Germanwings, en mars dernier. C’est l’annonce faite jeudi 11 juin, par le procureur de Marseille en charge de l'enquête. Brice Robin a également rencontré les familles des 150 victimes de ce drame pour les tenir au courant de l'avancée des investigations et pour les rassurer sur la question du rapatriement des corps qui a pris du retard et suscité un début de polémique.

Il a fallu pas moins de quatre heures au procureur pour échanger et expliquer où en sont les choses. Plus de deux cents proches des victimes du crash de la Germanwings voulaient des réponses de la part de Brice Robin, le procureur de Marseille en charge de l'enquête. Ces derniers voulaient notamment savoir pourquoi une très grande majorité des dépouilles n'avait toujours pas été rapatriée. Et comprendre ce qui s'est passé à bord du cockpit de l'A320 le 24 mars dernier.

Brice Robin a donc décidé de leur montrer trois vidéos de reconstitutions de l'accident « afin qu’elles n’ignorent rien de la réalité des appels des contrôleurs aériens, je vous ai parlé de 11 appels sur trois fréquences différentes : elles ont pu les entendre. Afin qu’elles n'ignorent rien du mécanisme de descente enclenché par M. Andreas Lubitz. Afin qu’elles n’ignorent rien de la réalité de l’accident dans lequel elles ont perdu leurs proches. »

Cette réalité, elle se trouve désormais dans un épais dossier de plus de 10 kilogrammes. Une enquête qui se focalise sur la personnalité d'Andreas Lubitz et de ses troubles psychiques.

« Il a consulté des médecins, entre le 21 février et 22 mars, à 7 reprises. Sur les cinq dernières années, il a consulté 41 médecins différents. Il avait indiqué à ses médecins qu’il ne dormait plus à cause de son problème aux yeux et que, vraisemblablement, il avait peur de retomber en dépression. Il avait même indiqué à certains de ses proches que la vie, pour lui, n’avait plus aucun sens. »

Des troubles psychiques et de nombreuses consultations dont ses employeurs ignoraient tout, en vertu du secret médical et de la réglementation européenne de 2011 sur ce point. Des aspects qui contribuent à la complexité de ce dossier, selon le procureur de Marseille en charge de l'enquête.

« Seul le demandeur doit communiquer ses antécédents médicaux aux autorités responsables. Il n’est pas fait mention dans cette réglementation d’obligation pour un personnel médical extérieur au collège décisionnaire médical aéronautique de communiquer les aspects pathologiques de ses patients. Cela met, selon moi, en évidence la problématique de ce dossier. Comment concilier le secret médical avec l’information que devrait avoir l’autorité de contrôle et l’employeur sur l’état de santé, particulièrement fragile, d’un salarié qui est pilote d’avion ? » questionne Brice Robin.

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