C'est Manuel Valls, le Premier ministre, qui l'a annoncé fin mai. L'Etat français va mettre en place d'ici la fin de l'année deux cellules de community managers, des unités chargés de contrer le discours terroriste sur la toile. L'une sera purement publique, l'autre sera adossée à une fondation privée qui fera, dit Manuel Valls, « de la recherche sur l'évolution du discours et de la propagande jihadiste ». Ces community managers seront choisis parmi les effectifs gouvernementaux, policiers et fonctionnaires de différents ministères notamment. Manuel Valls a également annoncé que des hackers seront aussi recrutés. Un point reste encore à déterminer : les effectifs globaux de cette nouvelle force.
Les géants du net sollicités
L'autre partie de cette réponse à la radicalisation sur Internet passe par les grands opérateurs du net. Les sites comme Facebook, Twitter et la plateforme de vidéos YouTube sont des lieux de propagande privilégiés des groupes jihadistes, des lieux d'échange aussi. Et les autorités françaises les appellent à mieux contrôler les contenus mis en ligne sur leurs serveurs. Le gouvernement français a signé en avril une plateforme de bonne conduite avec ces grands opérateurs. Elle doit permettre notamment un retrait plus rapide de la propagande jihadiste. Ces grands opérateurs s'engagent dans la promotion du contre-discours, cette rhétorique qui doit casser la propagande jihadiste. Une politique qu'ils justifient en assurant que « la liberté d'expression est leur raison d'être mais que les terroristes, eux, combattent la liberté d'expression ».
Le contre-discours passe aussi par les associations
C'est dans cette optique que Google, Facebook et Twitter ont organisé la semaine dernière une journée de formation à destination d'associations, pour les aider à développer un discours, des initiatives et à les promouvoir sur leurs plateformes. « Il y a des choses qui existent déjà. Nous, notre idée, c'est de donner un petit coup de pouce. Les associations qui sont sur le terrain ont la capacité à initier des mouvements ou rassembler des gens qui auraient envie et qui ne savent pas comment faire. Nous, on a l'expertise pour viraliser et toucher une plus large audience », explique Audrey Herblin-Stoop, directrice des politiques publiques de Twitter France. Une initiative que le gouvernement français voit d'un très bon oeil. Car le ministère de l'Intérieur le reconnaît, la parole gouvernementale étant vite rejetée par les personnes en voie de radicalisation, c'est de la société civile que viendra le contre-discours le plus efficace.