Affaire Fillon-Jouyet: François Fillon veut laver son honneur

L'ancien Premier ministre François Fillon est soupçonné d'avoir demandé au secrétaire général de l'Elysée Jean-Pierre Jouyet de faire accélérer les procédures judiciaires contre Nicolas Sarkozy, accusation émise par deux journalistes du quotidien Le Monde. François Fillon poursuit donc Jean-Pierre Jouyet et les deux journalistes du Monde devant la justice. L'affaire est ce jeudi 28 mai devant le tribunal.

François Fillon a-t-il demandé au secrétaire général de l’Elysée, un de ses anciens ministres, de « taper vite » contre Nicolas Sarkozy ? C’est ce qu’avancent deux journalistes du quotidien Le Monde. Gérard Davet et Fabrice Lhomme ont recueilli les confidences de Jean-Pierre Jouyet au cours d’un déjeuner en juin 2014. L’ancien Premier ministre aurait supplié son interlocuteur d’agir rapidement : « Jean-Pierre, tu as bien conscience que si vous ne tapez pas vite, vous allez le laisser revenir ! ». Sous-entendu : si vous n’accélérez pas les procédures judicaires dans lesquelles sont nom apparaît, Nicolas Sarkozy reviendra sur le devant de la scène.

Ce jeudi, François Fillon a dû convaincre qu'il n'a pas tenu les propos qu'on lui prête. Un exercice délicat. Certains dans son entourage ont d'ailleurs essayé de le dissuader d'intenter cette action en justice. Mais l'ancien Premier ministre tenait, dit-il, à laver ce qu'il qualifie de « salissure ».

Pour éviter tout faux pas, l'ancien chef du gouvernement a lu à la cour une déclaration écrite. Face aux juges, François Fillon a accusé à demi-mots l'Elysée d'être à la manœuvre. A ses yeux, Jean-Pierre Jouyet, le bras droit de François Hollande, était en « service commandé ». Considérer cette affaire comme une « opération » visant à le « décrédibiliser » et à « semer la zizanie à l'intérieur de sa famille politique » est donc, dit-il, « la seule explication plausible » qu'il voit.

Mais l'ancien Premier ministre est alors contredit par les journalistes du Monde. Car Fabrice Lhomme et Gérard Davet soulignent que c'est d'abord une source au sein de l'UMP qui leur a rapporté ces propos qu'aurait tenus François Fillon. Jean-Pierre Jouyet, lui, n'a fait que leur dire « Vous êtes bien informés ». Et pour étayer leur version, ils ont fourni à la cour une partie de l'enregistrement de leur conversation avec le secrétaire général de l'Elysée.

François Fillon a beau crier au complot, cela ne change rien pour les proches de Nicolas Sarkozy. A leurs yeux, sa culpabilité ne fait guère de doutes. L’ancien Premier ministre souhaite aujourd’hui laver son honneur, mais cela sera-t-il suffisant pour lui permettre de regagner le coeur des militants de droite ? Rien n'est moins sûr, sa cote de popularité est au plus bas. Le danger pour lui à court terme est d'être sifflé samedi lors du congrès fondateur du nouveau parti de droite. Un congrès au cours duquel il doit prononcé un discours.

Partager :