Ils se font appeler les « chibanis de la SNCF ». Salariés des chemins de fer français, ils ont occupé les postes de reconnaisseur, d'aiguilleur... Ils ont été au charbon ou au graissage. Ils ont occupé toutes sortes de postes, comme leurs collègues français dans l’entreprise des chemins de fer.
Mais eux n'avaient pas le droit au régime de retraite, à l'assurance maladie ou aux jours de carence dont bénéficiaient les autres salariés. Et peu importe qu'ils aient été disponibles pour Noël, qu'ils aient travaillé dans le froid glacial ou en pleine chaleur. Selon l'un de leurs avocats, les « chibanis de la SNCF ont vu leurs carrières bloquées et ont eu des retraites moindres ». S'ils ne réclament pas un changement de statut, ils espèrent au moins l'application du principe « à travail égal, salaire égal ».
Face à eux, la SNCF dément toute discrimination. Il existe deux statuts spécifiques et totalement légaux pour les salariés de l'entreprise publique française, affirme l'avocat de la compagnie. Mais les chibanis parlent d'humiliation. Celle des veuves de cheminots marocains, par exemple, contraintes de réclamer des aides gouvernementales quand les épouses de cheminots français reçoivent immédiatement une pension, disent-ils. Les quelque 800 chibanis de la SNCF réclament en moyenne 400 000 euros de dommages-intérêts.