Manuel Valls: «un apartheid social, ethnique, territorial» en France

Avec un peu de recul, comment la France doit-elle réagir aux attaques terroristes ? Deux semaines après l'attentat contre Charlie Hebdo, une semaine après son vibrant discours devant les députés, Manuel Valls s'est adressé aux journalistes à l'occasion de ses vœux pour 2015. Que retenir des propos du Premier ministre ? Probablement qu'il n'a pas mâché ses mots sur la situation actuelle de la France.

Ce furent des vœux empreints d'une grande gravité. Manuel Valls est en effet revenu, tout au long de son discours ce mardi 20 janvier 2015, sur l'attaque de Charlie Hebdo et les attentats terroristes qui ont frappé la France la semaine dernière.

Bien sûr, le Premier ministre a saisi cette occasion pour essayer de donner de la perspective à l'analyse qui doit être menée sur les moyens de lutter contre le terrorisme. Il a évoqué la nécessité de lutter contre les inégalités dans la société française, et contre le sentiment de certains d'être des citoyens de seconde zone. Il a fait l'inventaire de tous ces « maux qui rongent notre pays ».

Un diagnostic sans concession

Manuel Valls a parlé d'un « apartheid territorial, social, ethnique », un diagnostic sans concession sous le signe du « parler-vrai » qu'il revendique. Et le Premier ministre a aussi voulu tirer les enseignements de ces drames en disant qu'il faut leur apporter une réponse rapide, ce qui sera le cas dès ce mercredi, dit-il, car des mesures vont être annoncées en Conseil des ministres. Mais il faut également des réponses sur le long terme, a plaidé M. Valls, qui explique qu'un travail sur l'école va notamment être engagé.

Et le chef du gouvernement français d'appeler la classe politique à la responsabilité et à ne pas retomber dans des débats qui ne seraient pas à la hauteur des attentes exprimées par les Français. Etre à la hauteur, faire preuve de constance, c'est ce que Manuel Valls s'est fixé comme ambition pour 2015.


Extrait du discours de Manuel Valls :

« Ces derniers jours ont souligné beaucoup des maux qui rongent notre pays ou des défis que nous avons à relever. A cela, il faut ajouter toutes les fractures, les tensions qui couvent depuis trop longtemps et dont on parle uniquement par intermittence. Après, on oublie, c'est ainsi. Les émeutes de 2005, qui aujourd'hui s'en rappelle ? Et pourtant, les stigmates sont toujours présents : la relégation périurbaine, les ghettos, ce que j'évoquais en 2005 déjà, un apartheid territorial, social, ethnique, qui s'est imposé à notre pays, la misère sociale, auxquels s'additionnent les discriminations quotidiennes, parce que l'on n'a pas le bon nom de famille, la bonne couleur de peau, ou bien parce que l'on est une femme. Il ne s'agit en aucun cas, et vous me connaissez, de chercher la moindre excuse. Mais il faut aussi regarder la réalité de notre pays. »

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