Avancer et prendre les décisions qui s'imposent pour lutter contre le terrorisme. C'est en effet la volonté affichée par le centriste Yves Jégo. « Je crois qu’il y a nécessité d’agir vite, estime le député UDI, c’est ce qu’a bien compris le gouvernement, en tout cas dans ce qu’il a exprimé aujourd’hui. Nous veillerons, dans un esprit de consensus, à ce que des décisions soient prises le plus rapidement possible. »
« Centres de rétention »
D'ores et déjà des pistes sont évoquées pour renforcer les moyens, ou permettre l'isolement des jihadistes en prison, même si cette mesure n'est pas si simple à mettre en oeuvre (cf. ci-dessous). L'UMP Eric Ciotti fait une autre proposition : « L’installation de centres de rétention pour les individus dangereux, même s’ils n’ont pas encore fait l’objet d’une poursuite pénale. »
En revanche, l'hypothèse de l'adoption d'une loi d'exception comme le Patriot Act américain (loi instaurant une série de mesures d'exception, adoptée après le 11 Septembre aux Etats-Unis, ndlr) suscite de la prudence même à l'UMP. Pour Roger Karoutchi, « il y aura des textes à la française, avec peut-être un certain nombre d’éléments , notamment de contrôle aux frontières, mais on n’en est pas au Patriot Act. »
La loi sur le renseignement actuellement en préparation pourrait, en revanche arriver plus tôt dans le calendrier parlementaire. Manuel Valls qui doit s'exprimer à l'Assemblée ce mardi en dira peut-être plus.
Isolement pour les islamistes radicaux incarcérés: une proposition discutable
C'est une mesure annoncée par Manuel Valls pour lutter contre la radicalisation en prison. Il y aurait plusieurs centaines de maîtres à penser islamistes dans les maisons d'arrêt françaises. Quelques centaines, pour 68 000 détenus.
Mais cette mesure présente son lot de problèmes. Mettre les islamistes radicaux à l'isolement ne les empêcherait pas forcément d'influencer leurs codétenus, estime Arthur Frayer, auteur de Dans la peau d'un maton. « Même les gens qui sont en quartiers d’isolement (QI), peuvent toujours, par les fenêtres, ou par le biais des gens qui distribuent les repas, communiquer avec les autres détenus. C’est souvent assez limité et très illusoire, comme mesure. » D'ailleurs leur influence ne s'exerce pas au vu de tous, il faut donc beaucoup d'observation pour repérer ces potentiels mentors du terrorisme en devenir. « Ça ne va pas se faire au moment du culte, quand tous les détenus se retrouvent pour prier ensemble, sous l’égide d’un imam. Au contraire, en général, les imams en prison sont très bien sélectionnés et peuvent surveiller les gens. Donc les détenus radicaux sont plutôt à la marge. Et c’est très compliqué de les identifier. »