Attaques terroristes à Paris: 3 jours de traque achevés dans le sang

La poursuite des auteurs présumés de la tuerie de Charlie Hebdo et de la fusillade de Montrouge s'est conclue ce vendredi 9 janvier par la mort des trois personnes recherchées : les deux frères Kouachi retranchés à Dammartin-en-Goële, et Amedy Coulibaly, retranché Porte de Vincennes. Outre les tueurs, quatre otage ont trouvé la mort à Paris, ce qui porte le bilan des évènements de ces derniers jours à 20 morts, terroristes compris. Voici le déroulé des faits des trois derniers jours.

Article mis à jour avec les dernières déclarations du procureur de Paris

Mercredi 7 janvier 2015 en fin de matinée, deux hommes lourdement armés pénètrent dans l'immeuble de Charlie Hebdo, à Paris. Ils font irruption face à l'équipe du journal alors que se tenait une conférence de rédaction de rentrée. Ils ouvrent le feu, quittent les lieux après le massacre, tombent sur des policiers à l'extérieur, tirent à nouveau et prennent la fuite. Ils s'échappent en voiture vers le nord-est de Paris, changent de véhicule près de Porte de Pantin en braquant un automobiliste, puis disparaissent par la Seine-Saint-Denis.

Leur attaque vient de faire douze morts - sept journalistes et deux policiers dont un exécuté à terre -, et onze blessés, dont quatre très graves. « Trente-et-un étuis de calibre 7,62, cinq ogives et trois chemises ont été retrouvés à l'intérieur des locaux ; vingt-cinq douilles, dont au moins douze de 9 millimètres plus une cartouche percutée, ont été retrouvées à l'extérieur », énumèrera le procureur de Paris François Molins par la suite, alors que dès mercredi soir, des perquisitions sont effectuées à Strasbourg, en région parisienne, à Reims et Charleville-Mézières (Ardennes) et que les premières gardes à vue ont lieu.

Le Raid et le GIGN se déploient sur le sol picard

Jeudi très tôt, les autorités délivrent l'identité des hommes qu'elles recherchent : Chérif et Saïd Kouachi, respectivement 32 et 34 ans, nés à Paris de parents algériens, font l'objet d'un appel à témoins dans l'affaire Charlie Hebdo. Très vite, ils sont signalés hors de Paris : ils braquent une station-service à Villers-Cotterêts, dans le département de l'Aisne, à 80 kilomètres de Paris. A partir de là, le dispositif est enclenché. Le Raid et le GIGN se déploient entre l'Aisne et l'Oise. Quelque 1 500 hommes sont mobilisés toute la journée, aidés par des hélicoptères et des brigades canines.

Pendant près de 24 heures, le secteur est passé au peigne fin, sans succès. Neuf personnes au total sont en garde à vue, alors qu'en début de matinée, toujours jeudi, un autre assaillant est entré en scène à l'entrée sud de Paris, à Montrouge près de Porte de Châtillon. Il s'agit probablement d'Amedy Coulibaly, qui a tiré sur une policière municipale à l'aide d'une kalachnikov - cette dernière succombera des suites de ses blessures -, avant de s'en prendre à un agent de voirie avec une arme de poing. Là encore, l'assaillant arrive à prendre la fuite.

« Le collègue de la victime, second policier municipal intervenant et présent sur les lieux, avait lui aussi été visé par l'auteur des faits mais n'avait pas été blessé. Il résultait des premiers témoignages recueillis que des personnes s'étaient opposées à l'auteur et que l'auteur aurait alors dégainé une arme de poing et aurait tiré, blessant un agent de la voirie qui était là, une balle lui ayant traversé la joue de part en part », complète le procureur.

La police renverse la situation en quelques minutes

Vendredi matin, Chérif et Saïd Kouachi réapparaissent. En sortant d'un bois, ils parviennent à braquer une voiture et roulent en direction de Paris. Là, ils rencontrent un barrage routier. Une nouvelle fois, des échanges de coups de feu ont lieu. Les deux fugitifs partent à pied. A l'issue d'une course-poursuite, ils se barricadent dans les locaux d’une petite imprimerie dans la zone industrielle de Dammartin-en-Goële, dans le département de Seine-et-Marne.

Amedy Coulibaly réapparaît, lui, vers 13h. Le tireur de Montrouge ouvre le feu dans une épicerie casher du côté de Porte de Vincennes, à la lisière sud-est de la capitale. Il prend 16 clients présents en otage, en tue a priori quatre en entrant. On apprend alors que ce délinquant multirécidiviste de 32 ans avait rencontré Chérif Kouachi en détention.

C'est finalement vers 17h que deux assauts sont lancés presque simultanément. A Dammartin-en-Goële d’abord, les deux suspects de la tuerie contre l'équipe de Charlie Hebdo sont abattus après être sortis lourdement armés de leur cachette pour affronter les forces de l'ordre. Un employé, qui se cachait à l’intérieur de l’imprimerie d'où il était entré en relation avec la police, est libéré indemne. Mais un membre du GIGN est blessé lors de l’opération.

Deux assauts quasi-simultanément

Quelques minutes plus tard, compte tenu de l'évolution de la situation en Seine-et-Marne, les hommes du Raid décident de lancer l’assaut sur le magasin casher de Porte de Vincennes. Les autorités craignent qu'apprenant l'épilogue en Seine-et-Marne, Amedy Coulibaly ne s'en prenne aux otages. Ce dernier est finalement tué dans l'opération. Outre les quatre personnes retrouvées mortes sur les lieux parmi les otages, sept autres personnes sont retrouvées blessées. Deux membres du Raid le sont aussi pendant l'assaut.

Vendredi, parallèlement, deux interpellations ont lieu dans un quartier sensible à Grigny (Essonne), en banlieue parisienne, dans l'entourage très proche d’Amely Coulibaly. Sur les seize personnes proches des trois terroristes placées en garde à vue, cinq étaient toujours entre les mains des forces de l'ordre vendredi soir. La compagne d’Amedy Coulibaly, Hayat Boumediene - soupçonnée d'avoir participé à l’assassinat de la jeune policière martiniquaise à Montrouge -, reste activement recherchée par la police.

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