Suicides chez France Télécom: après l’enquête, le procès?

L'enquête de justice ouverte à la suite d'une vague de suicide au sein de l'entreprise Orange, le nouveau nom de France Télécom, est désormais close. La société ainsi que Didier Lombard, son ancien patron, sont mis en examen pour harcèlement moral. Reste maintenant à voir si à la suite des conclusions des enquêteurs, les juges estimeront qu'il y a matière à procès. L'affaire est en tout cas suivie de très près par les syndicats et les spécialistes du droit du travail.

Si la société Orange, en tant qu'entreprise, venait à se retrouver à la barre des accusés à l'occasion d'un procès pour harcèlement moral, il s'agirait d'une première. Ce serait la reconnaissance d'un harcèlement institutionnel, alors que d'ordinaire, il y a un lien direct entre l'agresseur présumé et la victime.

Dans le cas précis de cette affaire, ce sont les suicides de 35 salariés de l'entreprise en 2008 et 2009 qui sont au cœur de l'enquête. Ces suicides, selon les plaignants, sont la conséquence directe d'un système mis en place par la direction de l'époque. L'une des personnes s'étant donné la mort évoque même « un management par la terreur » dont le but serait de faire quitter la société à un certain nombre de cadres.

En effet, Orange ne pouvait pas les licencier puisqu'ils avaient été embauchés en tant que fonctionnaires, lorsque l'Etat détenait encore la majorité de l'entreprise. Quand l'Etat est devenu minoritaire, ce sont alors 22 000 postes qui ont été supprimés et 10 000 autres modifiés.

Mobilité géographique forcée, incitations répétées au départ, changements de métier imposés… Ce sont ces méthodes qui ont intéressé les enquêteurs et que l'inspection du travail avait qualifiées en 2010 comme susceptibles de porter atteinte à la santé physique et mentale des salariés du groupe.

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