Bygmalion: l’étau se resserre autour de l’UMP

Trois anciens cadres de l'UMP, dont l'ancien directeur général Eric Cesari, ont été placés ce jeudi en garde à vue dans le cadre de l'affaire Bygmalion. Il s'agit de l'enquête sur un système de fausses factures ayant servi à financer la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2012. Ce rebondissement semble confirmer un maquillage des comptes de campagne de l'ex-chef de l'Etat.

Deux des trois dirigeants de Bygmalion l'ont confirmé devant les juges d'instruction. A leurs yeux, le système de fausses factures de la campagne de Nicolas Sarkozy leur a été imposé par l'UMP. Ainsi, Guy Alvès, l'un des dirigeants, certifie que l'UMP prenait en charge de façon irrégulière les frais de campagne du président sortant.

Concrètement, le montage financier a permis de dissimuler le dépassement du plafond autorisé par la loi. Ce plafond s'élève à 22 millions d'euros. Selon une évaluation figurant au dossier d'instruction, quelque 18 millions d'euros auraient ainsi été éludés. La campagne de Nicolas Sarkozy aurait donc réellement coûté 40 millions d'euros. Event & Cie, la filiale événementielle de Bygmalion, a donc facturé de nombreuses dépenses à l'UMP, le parti politique, et non à la campagne de son candidat.

Un piège tendu

Guy Alvès, Franck Attal et Bastien Millot, le PDG de Bygmalion, affirment qu'ils sont tombés dans un piège. Ils ont expliqué aux juges que le candidat président avait opté pour une campagne éclair, incluant quelques meetings. Mais, la machine s'est emballée. Les réunions publiques sont devenues quotidiennes, avec un total de 44 meetings. Ces derniers ont été mis en scène lors de véritables shows avec une débauche de moyens.

Les dépenses ont explosé. Elles ont été réglées dans un premier temps par Bygmalion, qui s'est vite retrouvé dans une position financière délicate. Pour y remédier, les responsables de la campagne de Nicolas Sarkozy auraient proposé de payer les dépenses via ce système de fausses factures. « C'était ça ou mourir » ont-ils expliqué aux juges. Aujourd'hui, ils renvoient donc la balle à l'UMP. Cette thèse a semble-t-il convaincu les juges.

Des cadres de l’UMP en garde à vue

Dans ce contexte, ce jeudi, Pierre Chassat, l'ancien directeur de la communication du parti, Fabienne Liadzé, son ancienne directrice des affaires financières, et Eric Césari, ancien directeur général de l'UMP ont été placés en garde à vue. Ce dernier, surnommé « l'oeil de Sarkozy » est un proche de l'ancien président de la République. D'après Jérôme Lavrilleux, le directeur adjoint de la campagne, Eric Césari était dans la confidence. Le directeur adjoint a aussi publiquement reconnu la fraude, tout en prenant soin de dédouaner Nicolas Sarkozy ainsi que l’ancien président de l’UMP, Jean-François Copé.

De son côté, Nicolas Sarkozy a déclaré le 21 septembre dernier sur France 2 : « Il y a une tentation qui était la mienne de tout vouloir faire moi-même. Parce qu’on a une difficulté à déléguer. Je voulais tellement que ce soit le mieux possible. Je voulais tellement m’engager que sans doute j’ai fait cette erreur… »

« J’ai appris le nom de Bygmalion, longtemps après la campagne présidentielle. Vous savez j’étais accessoirement président de la République et candidat. Je vous demande de croire que ce n'est pas moi qui m’occupais de ça. » Dans une même déclaration, l’ancien président dit tout et son contraire. A savoir qu’il s'occupait de tout sauf de sa propre campagne présidentielle.

Mercredi, François Fillon a amplifié l'affaire en assurant avoir entendu parler de la société Bygmalion bien avant la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. Il a déclaré : « Je pars du principe que je fais confiance au candidat et à ceux qui organisent la campagne. » L'affaire Bygmalion pourrait bien mettre en péril le retour sur la scène politique de l'ex-président.

Partager :