Comme annoncé, le gouvernement maintient ses objectifs de maîtrise de dépenses publiques. Au total la France fera 21 milliards d’euros d’économie l’an prochain, surtout grâce aux efforts de la sécurité sociale, des collectivités locales et de l'Etat. Ce dernier économisera à lui seul 7,7 milliards d'euros, soit un peu plus que prévu. Ces efforts se poursuivront en 2016 et 2017, pour parvenir à l'objectif de 50 milliards au total sur trois ans.
Le contexte géopolitique difficile, la panne de croissance dans la zone euro et la baisse de l’inflation ont compromis l’engagement de ramener le déficit dans les clous européens. Il sera sous la barre de 3% du PIB seulement en 2017 et non en 2015 comme c’était prévu. Malgré ce dérapage budgétaire, le gouvernement ne compte pas demander d'effort supplémentaire aux Français. Les mesures promises l'été dernier sur la baisse des impôts restent d'actualité. Avec la suppression annoncée de la première tranche d'impôt sur le revenu, le gouvernement affirme que 9 millions de foyers fiscaux au total vont bénéficier d’une baisse de leur imposition. Trois millions de ménages devraient ne pas payer d’impôts en 2015. Cela fera 3,2 milliards d’euros de moins de recettes pour l’Etat.
Par ailleurs, les dispositifs de soutien aux entreprises vont continuer à monter en puissance. En donnant plus de pouvoir d’achat aux ménages, le gouvernement espère relancer la consommation. En abaissant les charges qui pèsent sur les entreprises, le gouvernement espère diminuer le coût du travail, indispensable pour retrouver de la compétitivité et des marges.
Du côté des hausses : le gouvernement confirme une augmentation de deux centimes par litre de la taxe sur le diesel, une mesure qui rapportera quelque 800 millions d'euros. Le projet de budget prévoit également une augmentation de 3 euros en métropole et d'un euro en outremer de la redevance de l'audiovisuel public.
Croissance optimiste
Les calculs du budget de 2015 s’appuient sur une croissance de 1% et un déficit public de 4,3% du PIB. Une prévision qui parait optimiste pour le Haut conseil des finances publiques. Il juge qu’une telle croissance veut dire un redémarrage rapide de l’activité, ce qui ne correspond pas aux derniers indicateurs conjoncturels. La croissance cette année est seulement de 0,4%. Quant à l’inflation: selon les prévisions de l’exécutif, elle devra continuer à rester faible l'an prochain ; 0,9% après 0,5% cette année.
Le texte sera regardé de près par la Commission européenne, qui dira en novembre si les choix de la France sont conformes aux règles européennes. Pour le ministre des Finances, Michel Sapin, « La France tient impeccablement les dépenses et a pris ses responsabilités ». Il attribue le dérapage du déficit à la mauvaise conjoncture et renvoie la balle à l'Europe pour soutenir l'activité. « L'Europe doit, elle aussi, prendre ses responsabilités dans toutes ses composantes », a lancé le ministre lors d'une conférence de presse.