Les révélations du Canard Enchaîné sont extrêmement embarrassantes : le député de Saône-et-Loire n’a pas payé le loyer de son appartement parisien pendant trois ans, à tel point qu’il aurait été menacé d’expulsion. Finalement, l'éphémère secrétaire d'Etat a réglé la facture avant de changer de bailleur. Pour sa défense, Thomas Thévenoud invoque une « phobie administrative », une maladie à priori inconnue des services médicaux. Plusieurs psychiatres ont été interrogés sur cette prétendue phobie mais ils disent n'en avoir jamais entendu parler.
Autant dire que les ennuis du député ne sont pas prêts de s’arranger. Et il aurait également oublié de mentionner dans sa déclaration d'intérêts et d'activités à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique, l'auto-entreprise qu'il avait créée en juin 2012. Une auto-entreprise pour soi-disant rémunérer la femme de ménage de sa permanence. Dans ce contexte, il est difficile de voir comment il va pouvoir conserver son siège à l’Assemblée. Thomas Thévenoud a démissionné du groupe PS en début de semaine mais il reste pour l’instant député. Il souhaite aller jusqu’au bout de son mandat.
Pousser à quitter son siège de député
Ségolène Royal a déclaré, ce matin, à sa sortie du Conseil des ministres : « Je pense qu'il n'a pas sa place à l'Assemblée nationale » et à en croire Jean-Marie Le Guen, le secrétaire d’Etat aux Relations avec le Parlement, Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire du Parti socialiste, lui aurait demandé de quitter le palais Bourbon.
À droite et au centre, on soupçonne pourtant la majorité de jouer un double jeu dans cette affaire. Pour le centriste Jean-Christophe Lagarde « la dignité voudrait qu’il démissionne, mais le gouvernement compte sur sa voix pour tous les votes à venir ».
Un « crétin »
Thomas Thévenoud est « un crétin » pour le centriste Hervé Morin qui juge que son cas « ne relève pas de la phobie administrative mais de la psychiatrie ». Un sentiment qui semble être partagé par Marisol Touraine, la ministre de la Santé : « Si j’étais d’humeur badine je dirais qu’il a besoin de voir un médecin ». Sous couvert d’anonymat, cette députée socialiste ne dit pas autre chose : « Il a un vrai problème psychologique », cette élue tacle également les professionnels de la politique.
Il est vrai qu’en cette période de crise, où la classe politique est régulièrement décriée, cette affaire tombe au plus mal. « C’est dévastateur pour tout le monde », explique le secrétaire général de l’UMP, Luc Chatel, d’autant qu’ « on est à quelques jours du paiement du troisième tiers provisionnel ».
Une chasse aux fraudeurs efficace
C'est la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique, créée en 2013 au lendemain de l'affaire Cahuzac, qui a déclenché le contrôle fiscal de Thomas Thévenoud dès sa nomination au gouvernement. Pour Jean-Louis Nadal, président de cette instance, pas de doute : « La rapidité de cette démission montre incontestablement l'efficacité des lois sur la transparence de la vie publique en 2013 et l'utilité de la Haute Autorité ».
Un argument également mis en avant par certains élus socialistes. Une députée PS se défend : « on nous enfonce, mais on a tout fait pour la transparence ». Sous-entendu, la droite, elle, n'a pas fait autant dans ce domaine. Car l'UMP est également pointée du doigt par certains élus sur le fait qu’il est bien beau de demander la démission de Thomas Thévenoud alors que Patrick Balkany et Jérôme Lavrielleux sont toujours en poste.