Il a jeté un oeil à ses notes, a pris sa respiration et a répondu à LA question, celle qui affole les Français depuis trois jours : lui arrive-t-il, lui président socialiste, de parler des pauvres comme des « sans-dents » ainsi que le raconte son ex-compagne, Valérie Trierweiler, dans un livre qui s'arrache ?
Quelques heures plus tôt, son conseiller en communication l'a rejoint en urgence au sommet de l'Otan, il fallait solder la question au plus tôt. « Je n'accepterai jamais que puisse être mis en cause l'engagement de toute ma vie. Je suis au service des plus pauvres. C'est ma raison d'être. »
François Hollande, c'est rare, a laissé percer son émotion. Les affaires privées, violemment étalées sur la place publique, ne peuvent se régler en privé. Piégé par la vindicte de son ex-compagne, le chef de l'Etat se retrouve au coeur d'une scène ahurissante sous la Ve République.
Alors, en cette rentrée noire où rien ne va, il en appelle au respect de la fonction présidentielle et rappelle quelques évidences sur la solidité des institutions : il est élu pour cinq ans. Ce n'est pas un sondage, même à 13%, qui peut interrompre un mandat. Dissolution ? Démission ? « J'agis, et j'agirai jusqu'au bout. » Le ton est ferme, fermez le ban et pourtant, du sommet de l'Otan, ne persiste qu'une image : celle d'une homme seul et blessé.