France: Vallaud-Belkacem cible d'attaques racistes et sexistes

Unes agressives de journaux de droite et d'extrême-droite, rumeurs sur son identité et tweets sexistes, critiques des anti-mariage pour tous : en pleine rentrée scolaire, la nouvelle ministre de l'Education nationale Najat Vallaud-Belkacem polarise les attaques de la droite et l'extrême droite du champ politique français.

Même après les attaques dont la ministre de la Justice Christiane Taubira avait été victime, au gouvernement, on s’avoue surpris. « Je ne m’attendais pas à ça », confie un proche du président, pris au dépourvu par les attaques tous azimuts contre la nouvelle ministre de l’Education nationale.

À peine sa nomination rue de Grenelle connue, les opposants au mariage homosexuel se déchaînent sur les réseaux sociaux. « L’égérie de la théorie du genre à l’Education, c’est une provocation » : c’est ce que tweete tout ce que la « Manif pour tous » compte de porte-voix, en référence au passage de Najat-Vallaud Belkacem au ministère des Droits des femmes et à son investissement dans les programmes d’égalité à l’école.

Rumeur

Au même moment, d’autres attaques ressurgissent, venues là encore des réseaux sociaux. La ministre franco-Marocaine, née au Maroc et arrivée à quatre ans dans la Somme (Nord), aurait menti sur ses origines : c’est le contenu d’une rumeur relayée par les milieux d’extrême-droite. Sur Twitter circule ainsi une fausse carte d'identité avec sa photo, mais un autre nom : « Claudine Dupont ».

À cela, il faut ajouter deux Unes parues de cette semaine. Celle du journal d’extrême-droite Minute – le journal qui sera jugé fin septembre pour avoir comparé la ministre de la Justice Christiane Taubira à un singe – proclame, sous une photo de la ministre : « Une Marocaine musulmane à l'Education nationale : la provocation ». Sur celle, parue mercredi, de l’hebdomadaire conservateur Valeurs actuelles, le portrait de la ministre est cette fois accompagné du titre : « L'ayatollah. Enquête sur la ministre de la Rééducation nationale ».

Desproges

Enfin, après les origines, le genre. Le conseiller municipal UMP de Neuilly-sur-Seine Franck Keller a posté dimanche 31 août un tweet – supprimé depuis – contenant une photo de la ministre en robe courte accompagnée du commentaire : « Quels atouts Najat Vallaud-Belkacem a utilisés (sic) pour convaincre Hollande de la nommer à un grand ministère ? ». Plusieurs responsables de droite ont très vite pris leurs distances.

Comment la ministre réagit-elle à ces attaques ? Najat Vallaud-Belkacem, qui parle à leur sujet de « polémiques sans intérêt », a tout de même pris le temps de répliquer à ses détracteurs. L’ex-ministre des Droits des femmes a ainsi répondu à Minute par une citation de l'humoriste Pierre Desproges : « C'est beaucoup plus économique de lire Minute que d'acheter Sartre : pour le prix d'un journal, vous avez à la fois la nausée et les mains sales ».

Syndrôme Taubira

En dépit de la réaction plutôt tempérée de la principale intéressée, ces attaques inquiètent nombre de députés. « Si on ne réagit pas très violemment tout de suite, cela va installer l’idée qu’on peut se permettre aujourd’hui en France une campagne de cette violence contre une personnalité publique », craint une élue.

Cela rappelle de mauvais souvenirs à gauche : les attaques contre Christiane Taubira. L’Elysée et le gouvernement étaient alors restés comme tétanisés. « On va faire monter le Front National si on répond », disait-on à cette époque. La ministre de la Justice s’était alors elle-même étonnée dans le quotidien Libération qu’aucune « belle et haute voix » ne se soit élevée.

Soutien affiché

La gauche veut donc éviter le « syndrome Taubira » cette fois-ci. Le parti socialiste a, dès la publication de la Une de Minute, demandé une condamnation par la voix – très officielle – de son Premier secrétaire.

Par ailleurs, le gouvernement répète son soutien, et l’affiche : en déplacement dans une école primaire de Meurthe-et-Moselle aux côtés de la ministre ce jeudi, le Premier ministre Manuel Valls a déclaré que « la France a[vait] de la chance d’avoir Najat Vallaud-Belkacem comme ministre ». Le message est clair : au gouvernement, on assume pleinement cette nomination.

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