Le gouvernement s’est affiché droit dans ses bottes. Cette politique économique, « elle ne date pas d’hier » a déclaré le ministre des Finances, « elle date de 2012 ». Michel Sapin a martelé le mot « cohérence » toute son intervention, jusqu’à dix fois dans une seule minute.
Dans ces conditions, que va bien pouvoir dire, ce mercredi soir, Manuel Valls aux députés frondeurs ? Le Premier ministre en reçoit quelques-uns dans son bureau. Là aussi, le ministre des Finances, Michel Sapin, se veut très ferme, « le dialogue est ouvert, je le répète, il est ouvert avec l’ensemble du groupe, avec le groupe socialiste. Moi je ne discute pas avec telle ou telle partie du groupe socialiste, c’est un sens de la discipline qui me paraît être la moindre des choses qu’il convient de respecter dans un parti et dans un groupe. Par ailleurs, il peut y avoir un dialogue avec telle ou telle personne mais ce n’est pas une négociation ».
Les attentes des frondeurs
La pression est d’autant plus maximale sur les épaules des frondeurs qu’au gouvernement et à l’Elysée, on sort conforté par les derniers sondages. Depuis les annonces de baisse d’impôts ciblés sur les plus modestes, François Hollande a regagné des points chez les ouvriers et les employés.
Dans la « plateforme de l'Appel des 100 pour plus d'emplois et de justice sociale », diffusée lundi soir, les députés socialistes frondeurs ont plaidé en faveur d'une réduction du montant des allègements accordés aux entreprises, qu'ils qualifient de « mal ciblé et mal calibré », et d'en « réorienter une partie vers des mesures plus justes et plus efficaces ».
Des sénateurs socialistes, dans un document interne, leur ont emboîté le pas, ce mercredi. Alain Néri, sénateur du Puy-de-Dôme, a adressé un mail, cosigné par huit autres sénateurs socialistes, dans lequel il plaide pour une inflexion de la politique économique. « Les débats législatifs qui s'annoncent doivent nous permettre d'ouvrir le dialogue avec l'exécutif auquel nous devons faire comprendre qu'une inflexion est nécessaire sauf à se résigner au désaveu et à la montée de l'extrémisme », écrit le sénateur dans ce mail diffusé sur le site internet de PublicSénat et portant la mention « à usage interne et ne doit pas être rendu public ».