France: des tentes au canal Saint-Martin contre le mal-logement

Un campement de tentes pour les sans-abri a été installé sur les berges du Canal Sant-Martin à Paris, ce lundi. A l’origine de cette mobilisation symbolique, le Collectif des associations unies pour une nouvelle politique de logement qui, une fois de plus, veut alerter les pouvoirs publics sur la situation inacceptable des plus précaires en France.

A deux jours de la présentation en conseil des ministres de la Loi de finances rectificative qui prévoit 50 milliards d’économies, les 34 associations formant le collectif s’opposent fermement à ce que ces mesures frappent les plus pauvres, les mal-logés et les sans domicile fixe. Pour Christophe Robert de la Fondation Abbé Pierre - qui estime que près de 4 millions de personnes en France souffrent du mal-logement -, le gel des allocations logement annoncé par le gouvernement est un choix politique incompréhensible.

Critique du gel des allocations logement

« Ces aides au logement qui touchent plus de six millions de ménage concernent les ménages les plus pauvres dans notre pays », rappelle-t-il. Pour les associations du collectif, « même dans le contexte actuel de fragilité financière, les plus fragiles ne peuvent pas être la variable d’ajustement du gouvernement ». Si Christophe Robert reconnait « qu’il faut relancer la machine économique » et l'emploi, il insiste : « Pas à n’importe quel prix. La responsabilité du gouvernement est de protéger les plus fragiles ».

Le Collectif demande aussi que des solutions soient enfin trouvées pour les sans-abri hébergés cet hiver dans des foyers d’urgence. « A partir du mois de mars, des centaines de places ont fermé dans toute la France. Des fermetures très brutales avec, à chaque fois, deux cent à trois cent personnes remises à la rue. Résultat : des reconstitutions de squats, de conditions de vie indignes. Il y a des personnes qui meurent très jeunes, et qui meurent autant l’été que l’hiver. Ce qui rend encore plus inacceptable leur abandon par l’Etat au printemps », martèle Florent Guéguen de la Fédération nationale des associations de solidarité (Fnars).

Appel à une loi de progammation sur le logement social 

De son côté, Louis Gallois est aussi sur le même longueur d'onde. Ce grand dirigeant d’entreprises, ancien commissaire général à l’investissement, auteur en 2012 du rapport sur la compétitivité française, préside également la Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale. « On a un peu le sentiment qu’on fait payer aux plus démunis les économies », estime l'ancien patron de la SNCF. « Les économies doivent se faire, mais pas sur le dos de ceux qui sont le plus en difficulté. Ceux-là, au contraire, devraient être protégés et ne pas subir une crise qu’ils subissent déjà avec des problèmes terribles de logement, d’emploi, etc. »

Le président de la FNARS lance donc « un appel aux pouvoirs publics, aux parlementaires pour qu’ils tiennent compte de cette situation et que dans la politique gouvernementale, une priorité soit donnée à ceux qui sont les plus démunis, que l’on renforce le filet de sécurité qui doit leur permettre ensuite de rebondir. Et nous demandons notamment une loi programmation sur le logement social, et sur le logement très social. » Cette mobilisation en faveur des mal-logés et des sans-abri va se poursuivre. Des manifestations sont prévues dans plusieurs villes de France.

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