Le sondage de l’IFOP (Institut français d’opinion publique) à paraître le 25 mai dans Sud-Ouest Dimanche, nous enseigne que le travail n’aurait plus la cote en France. Pour la majorité (56%) des 1 200 personnes sondées entre le 21 et le 23 mai, le travail est dorénavant vécu seulement comme une «contrainte nécessaire pour subvenir à ses besoins ». Les 44% restant sont manifestement plus satisfaits de leur emploi puisque, pour eux, le travail est un « moyen de s’épanouir ».
Ce type de consultation revient régulièrement en France. D’une crise à l’autre, on peut ainsi suivre l’évolution de la manière dont les Français jugent l’impact de leur travail sur leur bien-être. Si on se réfère à un sondage réalisé en 2006, on mesure nettement une dégradation des appréciations puisqu’à l’époque, avant les crises économiques, plus de la moitié (51%) des personnes estimaient que le travail était « un moyen pour les individus de s’épanouir dans la vie ».
Désaffection
Cela dit, l’IFOP tempère quelque peu la désaffection pour le travail que met en avant sa dernière enquête. Ce constat plutôt négatif, précise l’institut, est toutefois nuancé en fonction de l’âge, de la profession et du fait que l’on travaille ou pas. Ainsi, chez les personnes en âge de travailler, soit de 25 à 64 ans, une nette majorité de 60% considère le travail comme une contrainte. Chez les 65 ans et plus, ils ne sont plus que 56% à le trouver épanouissant comme 54% des retraités, mais seulement 40% des actifs. Les années de retraite adoucissent peut-être le souvenir des périodes de labeur…
La profession exercée fait aussi une différence : pour 66% des employés et 65% des ouvriers, le travail n’est pas une partie de plaisir ce qui est moins vrai (53%) chez les artisans et les commerçants, peut-être parce qu’ils sont le plus souvent indépendants. Quant aux professions libérales et aux cadres supérieurs, un sur deux dit exercer une activité épanouissante. Par contre, la notion de gagne-pain vécu comme une contrainte se retrouve à peu de chose près au même niveau que ce soit dans le secteur privé (62%) ou public (60%).
Quand on demande aux Français ce qui leur pèse le plus dans le cadre professionnel, ils sont 54% à se plaindre du stress, soit quatre points de plus qu’en février 2013, et 53 % à déplorer que leur travail ne soit « pas reconnu à sa juste valeur ». Début 2013, ils étaient 49% dans ce cas. Malgré ces bémols, les Français interrogés font quand même preuve de conscience professionnelle affirmée : ils sont en effet 64% à mettre en avant leur « motivation » intacte pour accomplir leurs tâches.
Travailler, même gratuitement
Dans un contexte de crises économiques où le chômage est élevé et la souffrance au travail de plus en plus répandue, on serait tenté de dire que finalement les Français sont assez résistants. Si le sondage de l’IFOP s’est limité à deux notions d’évaluation en 2013, une autre enquête de l’institut GFK pour le site d’offres d’emploi Monster.fr, demandait de son côté à 8 000 personnes dans 5 pays (France, Canada, Allemagne, Pays-Bas, Inde) s’ils aimaient ou non leur emploi.
On apprend ainsi que 11,5% des Français aiment tellement leur travail qu’ils seraient prêts à le faire même sans être payés. A l’autre extrémité, tous confondus, ouvriers, employés et cadres français sont 8,8% à dire qu’ils n’aiment pas du tout leur travail, voire qu’ils le détestent. Mais les Français ne sont pas les plus mal lotis : pour ce qui est de la détestation de leur emploi, les Britanniques arrivent en tête (12,3%), devant les Allemands (10,1%), pourtant érigés en travailleurs modèles européens.
Chez ceux qui sont les plus heureux de leur sort de salariés, les Canadiens se placent en tête avec 63,7 % de satisfaits de leur travail, devant les Néerlandais (57,6%) et les Indiens (54,5%).