Consulter, mais avancer : c'est la volonté de François Hollande depuis qu'il a annoncé son intention d'accélérer le calendrier de la réforme territoriale. Celle qui doit aboutir à réduire le nombre des régions et supprimer les départements. En recevant les chefs de partis à l'Elysée pour entendre leur point de vue et leurs propositions, le président de la République veut donc montrer à la fois qu'il est à l'écoute et qu'il entend aller vite. C'est d'ailleurs la feuille de route qu'il a donnée au Premier ministre sur ce dossier. Aller vite pour mettre la réforme sur les rails d'ici 2015. Et donc reporter d'un an, c'est-à-dire en 2016, les élections régionales.
Manoeuvre électorale
Sauf que s'attaquer à ce fameux millefeuille territorial n'est pas une mince affaire. La réforme divise. L'UMP, à l'image de Luch Chatel ci-dessous, dénonce une manoeuvre électorale et demande l'organisation d'un référendum pour juger de la sincérité du gouvernement, tout comme le Front de gauche. Même certains socialistes sont très inquiets et dénoncent une réforme qu'ils jugent irréalisable.
Etats généraux
Egalement vent debout contre ce projet de réforme, le centriste François Sauvadet estime que ce que propose le gouvernement aujourd’hui « ne tient pas la route. (…) En dix-huit mois, il nous dit qu’il va supprimer les départements, qu’il va diviser par 2 le nombre des régions ? » Très remonté, le député UDI y voit également une manœuvre électorale de la part de la majorité. « En réalité on voit bien que le gouvernement a peur du rendez-vous électoral qui est celui des élections départementales et régionales. Il veut le reporter, et prend prétexte de cela pour annoncer une grande réforme territoriale (…) Qui peut croire ça aujourd’hui ? », s’interroge-t-il, avant de lâcher : « C'est du foutage de g... ! »
Lui-même président du Conseil général de Côte d’Or, François Sauvadet demande surtout à ce que les territoires soient entendus dans le débat. Un débat qui devra s’organiser, selon lui, au sein « des Etats généraux de la démocratie et de la réforme territoriale », dont la tenue est demandée par l’UDI. Il ne nie pas la nécessité d’une réforme mais, selon lui, les enjeux sont trop importants pour que celle-ci soit bâclée. « Qu’est-ce que l'on va dire à nos 2 800 agents ? Qui va s’occuper des routes, qui va s’occuper des personnes âgées dépendantes, qui va s’occuper des enfants maltraités - j’en ai 3 000 dans mon département ? Vous voyez bien que c’est toute une somme de questions concrètes qu’il faut régler. »
« Eviter la relégation de territoires »
Pour les écologistes, l’initiative est saluée sur le fond, mais les positions divergent sur la forme. « Ce qui a été mis en avant par le président de la République et par le Premier ministre sont des choses que les écologistes portent depuis très longtemps (mais) nous ne sommes pas, comme l’est François Hollande, pour la division par 2 du nombre de régions de manière arithmétique, pour dire : il faut faire des économies », explique Emanuelle Cosse.Pour la secrétaire nationale d'Europe écologie-Les Verts, l’idéal serait de repenser les collectivités territoriales, de manière à former « des régions qui épousent mieux les bassins de vie, les bassins de mobilité et d’emploi dans les régions et qui permettent de mettre en œuvre l’égalité territoriale, et surtout d’éviter la relégation de territoires. La question est de savoir si demain (…) vous avez des collectivités locales qui auront des moyens d’action. »
François Hollande et Manuel Valls vont donc devoir trouver un compromis. Et un moyen pour éviter une révision de la Constitution, qui serait inévitable en cas de suppression pure et simple des départements.
→ A (RE)LIRE : Polémique autour de la réforme territoriale en France