France: la gauche radicale dans les rues de Paris

C’est un premier test pour le nouveau Premier ministre Manuel Valls. Entre 25 et 100 000 personnes, selon les estimations, ont battu le pavé à Paris, samedi après-midi 12 avril. Une marche contre l'austérité, pour l'égalité et le partage des richesses, à l'appel notamment du Front de gauche et de 200 organisations de la gauche radiale.

« Non à l'austérité ! » « Hollande, ça suffit ! » Les manifestants réclament une inflexion de la politique de François Hollande, pour l'heure plus favorable aux patrons qu'aux salariés selon eux. Pour la première fois depuis la déroute des socialistes aux élections municipales des 23 et 30 mars, la gauche radicale a donc fait entendre sa colère. « La gauche au pouvoir ! », clame une banderole qui recouvre la statue de la place de la République.

Symbole : le Grec Alexis Tsipras, candidat de la gauche européenne à la présidence de la Commission, a défilé en tête du cortège aux côtés de Pierre Laurent du Parti communiste, de Jean-Luc Mélenchon du Parti de gauche, et d'Olivier Besancenot du Nouveau parti anticapitaliste (NPA).

« Il y a une opposition à la gauche du gouvernement »

« On avait lancé l’idée d’une révolte contre le gouvernement et on s’est rendu compte qu’en fait, on n’était pas du tout les seuls à avoir ce projet-là, explique Olivier Besancenot. Et justement, le propre de cette manifestation, c’est de regrouper de façon unitaire des secteurs sociaux et politiques. Ca, c’est vraiment une première et c’est important, parce que ça veut dire qu’en France, il y a une opposition à la gauche du gouvernement. »

Et Olivier Besancenot de poursuivre en expliquant que les motifs de la révolte face au gouvernement ne sont pas les mêmes pour tous. Selon le leader du NPA, il y a pêle-mêle, parmi les manifestants de ce samedi, des gens qui luttent contre la politique d’immigration du gouvernement, la politique du logement ou celle de l’emploi. Mais tous ont en commun de se revendiquer de gauche et d’être contre le gouvernement.

Olivier Besancenot : « Il y a des millions de personnes aujourd’hui qui se disent que la gauche, la droite, l’UMP et le PS, ça fait la même politique. Et ces millions de personnes ont bien raison. C’est pour cela qu’il y a une fracture politique entre la gauche du gouvernement et une autre gauche, que l’on essaie, nous, de fédérer autour d’initiatives comme celle-là. Ce ne sera pas d’un claquement de doigts, mais c’est ça l’objectif en tous les cas. »

Ce samedi à Paris, les slogans s'en prenaient notamment au nouveau Premier ministre Manuel Valls, symbole aux yeux des manifestants du virage libéral de l'exécutif. Egalement ciblé : le tournant de François Hollande symbolisé par son pacte de responsabilité, qui prévoit des baisses de charges pour les entreprises dans l'espoir de relancer la croissance et les embauches.

→ A (RE) LIRE : Pacte de responsabilité: Valls dialogue avec les partenaires sociaux

D'autres rassemblements ont également eu lieu en province, notamment à Marseille, où quelque 1 600 personnes ont défilé, selon la police. A un mois et demi des élections européennes, le 25 mai, cette marche contre l'austérité était l'occasion pour la gauche de la gauche de faire entendre sa voix. Pari réussi.

Partager :