France: Valls crée un grand pôle international au Quai d'Orsay

Le nouveau Premier ministre français a complété ce mercredi son gouvernement avec 14 secrétaires d'Etat et créé un grand pôle international au ministère des Affaires étrangères, regroupant diplomatie, commerce extérieur et tourisme. Trois secrétaires d'Etat ont été nommés auprès du chef de la diplomatie française, Laurent Fabius.

Trois secrétaires d'Etat ont été nommés auprès du ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius : Fleur Pellerin, ex-ministre de l'Economie numérique, nommée au Commerce extérieur, au Tourisme et aux Français de l'étranger ; Harlém Désir, ex-patron du Parti socialiste, nommé secrétaire d'Etat aux Affaires européennes ; la députée Annick Girardin, nommée secrétaire d'Etat au Développemt et à la Francophonie.

Il s'agit d'une « logique d'efficacité, c'est-à-dire de concentration des moyens de l'Etat à l'étranger pour renforcer la force de frappe de l'action de la France dans le monde », souligne-t-on au Quai d'Orsay.

C'est donc Laurent Fabius qui va pouvoir piloter la diplomatie économique, qu'il souhaite mettre en oeuvre depuis qu'il dirige le Quai d'Orsay. 

C'est une première depuis 1958 et le début de la Ve République : le Commerce extérieur et le Tourisme, traditionnellement rattachés au ministère de l'Economie, dépendront dorénavant de la diplomatie française et du ministère des Affaires étrangères. 

Ce transfert de compétences, Arnaud Montebourg, le nouveau ministre de l'Economie, a tenté de s'y opposer la semaine dernière, mais il s'est heurté à la volonté de Laurent Fabius de piloter directement la diplomatie économique de la France.

Concrètement, ce transfert de compétences se traduira par deux changements : les conseillers économiques dans les ambassades seront désormais rattachés au ministère des Affaires étrangères, tout comme à Paris les services du Commerce extérieur sur le plan économique et diplomatique. 

Cela signifie qu'à partir d'aujourd'hui tous les efforts mis en oeuvre pour défendre à l'étranger les entreprises françaises seront coordonnés par le Quai d'Orsay. Il s'agit d'une logique d'efficacité, expliquent les partisans de cette nouvelle organisation, à l'heure où très souvent les grands contrats sont signés lors des déplacements de chefs d'Etat.

Lourde tâche pour Annick Girardin

Annick Girardin hérite du double portefeuille Développement-Francophonie en remplacement de l'écologiste Pascal Canfin, qui a choisi de ne pas participer au gouvernement Valls, et Yamina Benguigui, suspectée d'avoir menti sur sa déclaration de patrimoine. Assez peu connue du grand public, elle aura fort à faire sur les dossiers africains.

Lourde tâche pour Annick Girardin. La députée arrive en pleine crise humanitaire centrafricaine. A son retour de Bangui il y a trois semaines, son prédécesseur Pascal Canfin avait d'ailleurs parlé d'un risque de famine dans les prochains mois.
L'élue devra aussi gérer le dossier malien où la situation est toujours fragile et l'insécurité persistante.

Plusieurs textes importants seront également sur sa table. Le plus urgent : la taxe européenne sur les Transactions financières. Elle doit rapporter entre 30 et 35 milliards d'euros annuels. Les ONG poussent pour que les sommes soient reversées à la solidarité internationale, la lutte contre le changement climatique et le sida. François Hollande veut la faire adopter avant les Européennes de mai. Or le texte divise et les banques sont clairement contre.

Annick Girardin devra aussi faire le suivi de la loi d'orientation et de programmation sur le développement et la solidarité internationale. Voté en février, le texte doit moderniser l'aide française, avec en premier bénéficiaire l'Afrique. Mais la secrétaire d'Etat devra concilier le texte avec une baisse de l'Aide publique au développement. Quasi -10% en trois ans selon Oxfam, qui accuse Paris de ne pas respecter ses engagements internationaux.

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