Ecoutes de Sarkozy: Ayrault reconnaît avoir été informé

Le Premier ministre a confirmé partiellement ce mardi soir les informations du Canard enchaîné, qui affirme que des membres du gouvernement disposaient, depuis le 26 février, d'informations sur les écoutes visant Nicolas Sarkozy. Face aux accusations « d’espionnage politique » lancées à droite, l’exécutif tente d’éteindre l’incendie.

François Hollande et Jean-Marc Ayrault se sont répartis les rôles après la tempête déclenchée par Le Canard enchaîné. Dans son édition de ce mercredi 12 mars, le journal affirme que Christiane Taubira, ministre de la Justice, et Manuel Valls, ministre de l’Intérieur, étaient au courant des écoutes téléphoniques judiciaires visant Nicolas Sarkozy et son défenseur Thierry Herzog depuis le 26 février. Au chef de l’Etat de se poser en garant de l’indépendance de la justice et de jouer l’apaisement et au Premier ministre de monter en première ligne sur le terrain politique.

Ayrault affirme ne pas connaître le contenu des écoutes

Le président de la République a fait savoir ce mardi qu’il était « prêt à recevoir »
le bâtonnier de Paris, Pierre-Olivier Sur, et le président de l'Union syndicale des magistrats (USM). Dans sa lettre à Christophe Régnard, président de l’USM, François Hollande précise cependant qu’« en vertu du principe de la séparation des pouvoirs », il ne lui appartient pas de « (s)'immiscer d'une quelconque manière dans une affaire judiciaire en cours ».

De son côté, le chef du gouvernement a dit sur France 2, mardi soir, qu’il savait pour les écoutes judiciaires sur Nicolas Sarkozy, de même que Christiane Taubira, la ministre de la Justice, contrairement à ce que la garde des Sceaux avait d’abord déclaré. Mais, selon Jean-Marc Ayrault, personne au sein de l’exécutif n’avait les détails de ces écoutes, pas même François Hollande. « On n'a pas appris le contenu des écoutes », a-t-il affirmé. « La droite croit toujours que ses comportements à elle sont ceux de tout le monde », commente pour sa part un ancien garde des Sceaux socialiste.

L'UMP dénonce un « espionnage politique »

Pour l’opposition, il s’agit d’une « affaire d'Etat qui s'apparente à un véritable espionnage politique », selon les termes de Jean-François Copé. Pour appuyer son argumentation, Nicolas Sarkozy, comme toute l’opposition, s’appuie sur cette phrase qu’aurait prononcée François Hollande : « Sarkozy, je sais exactement ce qu'il fait, je le surveille ». Pour l’UMP, ce serait la preuve d’un complot d’Etat contre l’ancien président. Christian Jacob, président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, a pour sa part demandé au Premier ministre de « convoquer, en urgence, le Parlement et (de) venir s’exprimer devant la représentation nationale ». Pour le patron des députés UMP, « s’il refuse de le faire, ça veut dire qu’il y a des doutes importants sur le fonctionnement et sur le respect de nos institutions ». Mais si le ton est haut, l’opposition n’en est pas moins désunie sur la riposte. François Fillon souhaite ainsi la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire.

Craintes face à la multiplication des affaires

Autant de demandes rejetées par la gauche. « La justice, dans ce pays, est indépendante. Il y a des recours possibles en justice. Que la droite fasse valoir en justice ses arguments. Qu’elle essaye de convaincre les juges de ce qu’elle estime être des détournements de procédures, et les choses marcheront mieux, les institutions marcheront mieux, et la France marchera mieux », fait valoir Thierry Mandon, porte-parole du groupe PS à l’Assemblée nationale.

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Au sein du gouvernement, nombreux sont les ministres qui avouent leurs craintes face à une succession d’affaires qui alimente le refrain du « tous pourris » et le vote Front national. « Infantile, immature et surtout destructeur, s’inquiète ainsi une ministre. Si ça continue, dans trois mois, on a le FN à 50 %. »

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