Matignon rouvre le dossier sensible de l’intégration

En France, une réunion interministérielle s'est tenue ce mardi 11 février à Matignon sur la question de l’intégration. Avec une proposition phare : la création d’un organisme public consacré à l’intégration et à la lutte contre les discriminations, rattaché au Premier ministre.

Il aura fallu des mois et des mois de réflexion, voire d'hésitations, pour relancer le thème de l’intégration à la française et créer une nouvelle structure. Cette instance de coordination sera chargée au niveau interministériel de gérer la politique d’intégration. Une politique qui axée autour de deux thèmes : l’accueil des primo-arrivants et la lutte contre les discriminations.

Dans sa feuille de route, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault souhaite sortir les questions d’intégration des immigrés de la tutelle du ministère de l’Intérieur. L'objectif est d’en finir avec la confusion qui perdure entre immigration et intégration.

Le constat est clair et connu de tous : la machine à intégrer ne marche plus. Aujourd’hui, en France, plus de six millions de fils et filles d'immigrés, qui sont Français, ne sont toujours pas considérés comme les autres. L'accès au travail, au logement ou à l'éducation reste un véritable parcours du combattant.

Un sujet explosif

L'une des priorités est donc de lutter contre les discriminations liées à l'origine. Mais à ce stade, il n’existe pas de solution miracle. Le fil directeur de cette nouvelle politique se limite à rétablir l'égalité et à assurer à tous l'accès aux politiques de droit commun. Reste à connaître les moyens financiers qui seront affectés à ce futur organisme voulu par Matignon.

Politiquement, le sujet est explosif. Le gouvernement marche donc sur des œufs. En décembre dernier, la divulgation de cinq rapports sur l’intégration avait mis le feu aux poudres. Certaines des propositions avancées, comme le retour du voile à l’école, avaient provoqué la polémique. Pour calmer les esprits, l’exécutif avait décidé d’enterrer le sujet.

Deux mois plus tard, l’intégration refait donc surface. Le gouvernement prend le risque d’aborder ce sujet sensible à cinq semaines des élections municipales. L’UMP a d’ailleurs mis en garde le gouvernement. « Il faut qu’il arrête de placer des bûches dans le foyer de la division nationale », s’est ainsi ému l’ancien ministre François Baroin. À Matignon, on se défend en expliquant que ce calendrier était prévu de longue date. Et un député socialiste d’ajouter : « On ne va pas parler de rien parce qu’il y a les élections municipales ».

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