« Lui permettre de partir est un geste d’amour », a dit Rachel Lambert en faisant connaître sa décision. Le docteur Eric Kariger, chef du service des soins palliatifs de l’hôpital de Reims et médecin de Vincent Lambert, respecte pleinement ce choix : « C’est une décision qui n’a pas été simple à prendre pour elle. Elle l’a prise en pensant d’abord à son mari, donc respect pour sa décision. Elle aurait pris une décision inverse, j’aurais eu le même respect. »
Le docteur Eric Kariger ne fait aucun pronostic sur l’avis que le Conseil d’Etat rendra dans la douloureuse affaire de son patient. Il souhaite seulement rappeler que la décision de « laisser mourir » Vincent Lambert par l’arrêt de l’alimentation artificielle était conforme à la loi Leonetti qui régit la fin de vie en France.
Le médecin en dernier ressort
« Je suis dépositaire d’une décision collective menée avec plusieurs experts autour de la situation, explique Eric Kariger. Cette procédure collégiale évite les dérives de médecins qui, individuellement, peuvent parfois, dans une souffrance personnelle, abréger des vies qui mériteraient d’être maintenues malgré leur état de fragilité. Et à l’inverse, elle nous évite l’acharnement thérapeutique qui pourrait parfois être dans la tête d’un médecin qui n’acceptera pas la mort ou la non guérison de son patient. La loi Leonetti, c’est une loi qui protège les patients mais qui protège aussi les médecins à travers l’importance de la réflexion collégiale et multidisciplinaire. »
Selon Jean Leonetti lui-même, faute de directives anticipées du patient, la décision de fin de vie appartient en dernier ressort aux médecins.