La difficile année 2013 de François Hollande

Une année difficile se termine pour François Hollande. Alors que l'opposition fustige son travail, son entourage cherche ses mots pour le défendre. Pour le président français, les lacunes communicationnelles continuent d'entretenir une rupture dans la confiance. Une image écornée pour le chef de l'Etat, que ses succès à l'international ne suffisent pas à corriger.

François Hollande a achevé l'année 2013 comme il l'avait commencée :  par une opération militaire en Afrique, mais au plus bas dans les sondages. Pour lui, 2013 aura été une véritable « annus horribilis », jugent les observateurs. Une anée entre polémiques, couacs, et difficultés économiques.

Et pour cette année ô combien difficile, à l’Elysée, on a choisi un qualificatif qui s'apparente à un doux euphémisme. Pour Najat Vallaud-Belkacem, porte-parole du gouvernement, « c’est une année que le président a qualifiée d’"intense" ».

Intense, de polémiques en crises politiques. L’affaire Cahuzac en avril, lors de laquelle François Hollande s'est placé sur la défensive, après les aveux de son ex-ministre du Budget sur son compte en Suisse. « Jérôme Cahuzac n’a bénéficié d’aucune protection, et il a quitté le gouvernement à ma demande, affirmait alors le président. C’est un choc ce qui vient de se produire, c’est un grave manquement à la morale républicaine. »

Jusqu'à son jugement de Salomon, considéré unanimement comme catastrophique, dans l’affaire Léonarda, en novembre. Et, au beau milieu de cette année si compliquée, l’épisode - jamais vu - de début juillet : le limogeage, après l'annonce de sa convocation express via Twitter, de la ministre de l’Ecologie, Delphine Batho, qui avait critiqué la faiblesse de la part du Budget accordé à son ministère. Son licenciement du gouvernement a provoqué une mini-crise avec les alliés écologistes.

Au terme de cette année 2013, Denis Baupin, député Europe Ecologie Les Verts, regrette toujours ce qu’il juge être un manque d’engagement du président : « On a l’impression que la question de la transition écologique n’est pas saisie comme une vraie opportunité, pour ce que l’économie verte pourrait apporter en termes d’emplois et d’amélioration du pouvoir d’achat. En fait, la transition écologique est plutôt abordée avec réticence, comme si c’était un problème de plus, il y aurait vraiment un potentiel très important et il n’est pas saisi. »

Manque de cap

Et il y a, aussi, la gauche de la gauche, qui hausse plus que jamais le ton. Pour le député communiste André Chassaigne, le président va tout simplement dans la mauvaise direction : « Il suit son chemin, c’est-à-dire la compétitivité, l’adaptation au traité Sarkozy-Merkel. Les vrais problèmes qui permettent de répondre aux besoins des gens ne sont pas pris à bras-le-corps. Il y a un cap qui, pour moi, n’est pas le bon. »

Un cap, pourtant, l’opposition estime qu’il n y en a tout simplement pas. Jugement sans appel pour le président et son équipe du député UMP Eric Ciotti : « Il n’y a plus de cap, il n’y a plus de chef, il n’y a plus de volonté. Il y a des incohérences, des couacs, des revirements, des atermoiements, des hésitations permanentes. C’est un gouvernement d’amateurs, qui manque de compétence et de professionnalisme ».

L'international, seul point positif

Aujourd’hui, l’international est le seul domaine dans lequel les Français jugent positivement le président. Dans tous les autres, surtout dans le domaine économique et social, les résultats de François Hollande sont jugés largement insuffisants par les Français.

Mais pour Jean-Daniel Lévy, directeur du département opinion de l’Institut Harris Interactive, c’est surtout la communication du président qui pose problème : « Les Français ne disent pas qu’ils sont en désaccord profond avec François Hollande, ils disent qu’ils ne comprennent pas ce que fait François Hollande. Il n’y a pas d’élément marquant, pas une décision prise par le président qui les marque, ou en tout cas qui leur fait ressentir une forme de fierté, ou une forme de satisfaction d’avoir porté François Hollande à la présidence de la République. Et puis, il n'y a pas cette forme de fil rouge qui pouvait exister par le passé, qui permette de définir la politique de François Hollande. Il y a aujourd’hui un mystère, auquel les Français ne peuvent pas répondre : qui est vraiment François Hollande et que veut-il faire de la France ? ».

Résultat, jamais sous la Ve République chef de l’Etat n’avait enregistré de tels records d’impopularité : jusqu’à 15 % à peine d’opinions positives en novembre ! « François Hollande n’écoute personne », déplorent ses proches, sous couvert de l’anonymat. Un mode de fonctionnement qu’il revendique. « On est toujours seul », répète-t-il souvent.

Toujours seul, en première ligne, François Hollande assume, donc. A trois mois des municipales, le premier vrai test politique de son quinquennat, le président le sait : il joue gros.

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