Officiellement personne n’a de doute : c'est LE moment de sonner le tocsin contre les extrémismes. Pour Thierry Mandon, député socialiste, «il semble que les démocrates se soient assoupis, qu'ils aient acceptés de manière plus docile que les années écoulées des comportements, des dérapages, des violences. Aujourd’hui il faut appeler tout le monde au ressaisissement, c'est ça le sens de ce meeting.»
Tous unis donc. Et pourtant, on se souvient du silence assourdissant lors des premières attaques racistes contre Christiane Taubira. Il a fallu que la ministre de la Justice s'étonne dans le journal Libération d'avoir été bien seule avant que les réactions ne fusent.
Mais promis juré, ça n'a rien à voir avec un manque de courage ou de solidarité, promet le député écologiste Denis Baupin : «il y a aussi des moments où on se dit peut-être qu’il ne faut pas donner trop de publicité à des actes isolés pour que ça puisse ne pas entraîner quelque chose de plus grave. Il y a une mesure à trouver».
Hésitations
Cette hésitation reconnue à demi-mots a longtemps existé à l’Elysée. Certains conseillers avouent : «c’est vrai, on a d’abord choisi de se taire, François Hollande ne voulait pas alimenter la dynamique frontiste».
Une lenteur fustigée par certains intellectuels, comme le sociologue Michel Wieworka. «C’est une enfant en âge d’être scolarisée qui a déclenché le pire dans la libération de la parole publique, une enfant vous vous rendez compte ! Je pense que dans les écoles, dans l’éducation, il y a certainement des choses qui auraient pu être faites à chaud et qui pourraient être faites aussi sur la longue durée. C’est sûr, il vaut mieux qu’il y ait de l’indignation, mais ça ne suffit pas. Quand elle est tardive, encore moins. En plus, c’est une indignation quand c’est un personnage politique qui est atteint alors que tous les jours, bien d'autres personnes sont atteintes. Cela donne une image trop politicienne du problème.»
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Contradictions à droite...
A droite on tire à vue sur le meeting de ce soir. Indignation du président de l’UMP, Jean-François Copé : «je ne laisserai pas dire que les Français sont racistes». Pour le député Lionnel Luca, la gauche est à coté de la plaque : «S’ils veulent aider le Front national, c’est exactement comme ça qu’il faut faire. On a les alliés objectifs du FN. Quand on crie au loup, c’est toujours suspect. Tout le monde est bien d’accord pour condamner le racisme. De là à en faire une instrumentalisation politique, personne n’est dupe. Ils savent qu’ils vont prendre une grande tarte lors des élections à venir et donc il faut sauver les meubles. Je trouve ça pitoyable et misérable d’utiliser le racisme comme argumentaire politique.»
... et contradictions à gauche
Pourtant, à gauche, tout le monde n’est pas convaincu par la démarche. Delphine Batho a été vice-présidente de SOS Racisme dans les années 1990. Pour la député socialiste, ce meeting est décalé : «Ce n’est pas ça qui va régler les problèmes. Lutter contre l’extrême-droite, c’est aussi apporter des solutions et un espoir. Il y a aujourd’hui des doutes sur le cap économique qui est suivi. Il y a besoin d’avoir une vision.»
Finalement, entre ceux qui jugent les meetings dépassés ou contre-productifs, et ceux qui veulent avant tout ne rien laisser passer, la gauche apparait aujourd’hui désunie, presque désemparée sur la réponse à donner face à la montée des extrémismes.
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