En France, la police judiciaire de Paris marque son siècle

Fondée en 1913, l’histoire de la Police judiciaire de Paris se confond avec celle des Parisiens. Un siècle d’enquêtes, d’intrigues, c'est ce que nous racontent les occupants du célèbre 36, quai des Orfèvres. Une adresse que la PJ aura quittée d’ici 2017 pour rejoindre les Batignolles, un quartier déjà cher aux malfrats du siècle dernier. C’est toute cette longue histoire que retrace jusqu’au 8 décembre 2013, l’exposition « 100 ans de la Police judiciaire de Paris ».

On dit que les Français n’aiment pas leur police. Mais au vu de la queue qui s’étire devant l’entrée de l’exposition du centenaire de la Police judiciaire, on pourrait en douter.

Cette fameuse PJ, premier personnage de tant de films et de romans, de Simenon à Godard, a été créée à Paris le 1er août 1913. Installée au 36, quai des Orfèvres, dans l’île de la Cité au cœur de Paris, elle a vu sa mission s’élargir et devenir de plus en plus complexe et technique. 

Implantée sur 19 sites, la Police judiciaire va retrouver une unité de lieu d’ici 2017, année où tous les services et ses quelque 2 200 membres de la brigade criminelle, des stups, de la protection des mineurs, de la répression du banditisme, de la financière ou de l’antigang, prendront leur quartier dans un bâtiment flambant neuf des Batignolles, tout à côté du futur palais de justice de Paris.

De Jaurès à la princesse Diana

L’exposition « 100 ans de la Police judiciaire de Paris », remonte le fil du temps en suivant les plus célèbres affaires depuis l’assassinat de Jean Jaurès en 1914, en passant par le Dr Petiot, Landru, Pierrot le fou ou encore l’attentat contre de Gaulle au Petit Clamart, sans omettre l’accident qui a coûté la vie à la princesse Diana. Et c’est justement à côté de l’emplacement où est évoqué « le plus célèbre accident de la circulation de France » que se tient Catherine, une retraitée de la PJ qui ne se fait pas prier pour évoquer ses quelque trois décennies à la criminelle et aux stups.
 

Peut-être reste-t-on flic toute sa vie, en tout cas on est tenté de le penser quand on entend la jeune retraitée parler de l’enquête sur l’accident de la princesse anglaise au pont de l’Alma.

L’enquête « la plus chère de toute l’histoire sur un accident de voiture », se plaît-elle à préciser. Elle dit sa passion pour ce métier qui a tant changé en si peu de temps et son (léger) dépit de n’avoir pas abouti dans la recherche de la fameuse Fiat qui aurait été impliquée dans le fatal accident du mois d’août 1997.

Mais la Police judiciaire ne saurait s’appesantir trop longtemps sur son passé, même glorieux. Une bonne partie de l’exposition est en effet consacrée aux techniques actuelles de criminalistique. Chaque visiteur est invité à mener ses propres enquêtes et grâce à des tablettes numériques, il peut relever des empreintes, établir un portrait-robot, rechercher des traces biologiques (ADN) sur des scènes de crime et tenter d’en reconstituer le puzzle.

Moins facile qu’à la télé

« C’est moins facile qu’à la télé » constate un couple venu de Grenoble et qui, de toute évidence, ne regrette pas sa visite. La télé, le mot est lâché et nombre de visiteurs sont venus, nous disent-ils, parce qu’ils sont passionnés par des séries comme Les Experts qui leur ont donné envie de voir « en vrai » tout ce qu’utilise la police scientifique pour ses enquêtes.
 

Même les enfants y trouvent leur compte, ravis de remplir consciencieusement un relevé d’empreintes digitales. Un joli souvenir tout comme la photo d’identité judiciaire réalisée pour quelques euros par Photo Gang. De face puis de profil, on se fait tirer le portrait sur fond de toise, rires ou mines patibulaires sont de rigueur, selon les talents de comédien de chacun. Ne reste plus qu’à se laisser tenter par le bien nommé « Pousse au crime », la boutique de souvenirs du centenaire, avant de faire halte au « Flagrant délice », parce que les émotions, c’est bien connu, ça creuse.

L’exposition du centenaire de la Police judiciaire se tient pour un petit mois à Paris, près de l’Ecole militaire. « Le 36 » comme disent ses occupants, n’étant hélas pas adapté à la tenue d’une telle manifestation. Du coup, cette installation pourrait peut-être devenir itinérante et ainsi accessible hors de la capitale.

Le centenaire de la PJ est parrainé par Jean-Paul Belmondo, ce comédien qui a si souvent incarné les flics comme les voyous, et notamment Pierrot le fou. La Poste salue également le siècle de la PJ en émettant un timbre pour marquer son centenaire et le mythique « 36 ». Quand à l’avenir de l’actuel siège de la PJ, il est question qu’une partie du bâtiment accueille le musée de la Préfecture de Police.

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