On se croirait le 14 juillet. Du bleu, du blanc, du rouge au détour de chaque allée, le salon « Made in France » affiche le tricolore haut et fort. Bien sûr les produits de la gastronomie sont à l’honneur, mais le point fort de cette deuxième édition du salon est l’innovation et l’originalité. Près de deux cents exposants sont regroupés porte de Versailles à Paris et tous les secteurs sont représentés, de la mode au jouet, en passant par l’automobile ou le mobilier. Jusqu’aux « objets de la nouvelle France industrielle », sélectionnés par le ministère du Redressement productif.
Du bois dont sont faits les vélos
Si de grandes enseignes comme Toyota, avec la Yaris, Armor Lux, Gautier, Lafuma ou Obut sont venues réaffirmer leur ancrage en France, la curiosité des visiteurs du salon était évidemment titillée par les créations les plus originales. Ainsi, Oncle Pape, une marque lancée par deux jeunes créateurs qui fabrique, entièrement en France, entre Périgord, Charente et Dordogne, des nœuds papillon en bois et tissu. Succès garanti, pour quelques dizaines d’euros, aux réveillons et mariages !
Le bois inspire aussi cinq jeunes ingénieurs des Vosges qui se sont lancés avec Cambium Makers dans la fabrication de vélos dotés d’un cadre de bambou. Bel objet, unique, mais fonctionnel (il s’est classé 4e et 7e dans des compétitions), son prix s’envole à plusieurs milliers d’euros. Même haut de gamme pour les meubles MobiKey, réalisés en Aveyron et en Ile-de-France, dont les deux concepteurs innovent avec des compositions modulables et originales à l’esthétique intemporelle.
Ce qui frappe, chez un grand nombre des entrepreneurs exposants, comme ceux de Ma P’Tite culotte ou du Slip français, c’est leur jeunesse. A peine sortis d’une école d’ingénieur, de design ou d’une première expérience professionnelle, ils se lancent et ils ont la foi. Mais le parcours n’est pas toujours aisé, comme le disent ces entrepreneurs, 55 ans à eux deux, qui ne peuvent compter que sur eux-mêmes, faute d’aide des banques et des structures publiques. C’est dire si la visite du ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, hier samedi, pour qui le made in France est une cause nationale, ne les a pas plus impressionnés que cela.
Quant aux visiteurs du salon, comme Martine, la trentaine, qui s’est arrêtée devant le stand « i Feel Boot » qui associe des bottes transparentes à des chaussettes colorées, le label 100% français mis en avant ici est un argument convaincant. Cela ne l’empêche pas de se poser des questions sur les limites de l’étiquette « made in France » que tous arborent légitimement dans ce salon, mais qui selon les textes, n’est pas obligatoire.
Etiquettes à décoder
Et peu de consommateurs savent qu’il suffit, pour apposer le « fabriqué en France », que la dernière transformation d’un produit ait eu lieu en France ou que 45 % de sa valeur ajoutée ait été réalisée en France. Plus restrictif, le label « Origine France Garantie », lui aussi facultatif, implique une production ou une fabrication réalisée en France et qu’au moins 50 % de son prix de revient unitaire ait été acquis en France.
Cela dit, au salon du Made in France, les exposants ont été sélectionnés parce qu’ils ont choisi de réaliser les étapes essentielles de leur fabrication en France. C’est le cas chez Mon petit Polo Français où, nous assure son patron, tout est fait dans l’Hexagone y compris les boutons en buis du Jura. Tout, à l’exception, précise-t-il scrupuleux, du fil qui vient d’Egypte ou d’Inde...
Autre produit tout aussi hexagonal, mais plus inattendu, une orthèse : un petit appareil qui se place sur les dents pour la nuit et qui supprime le ronflement. Mis au point par un dentiste, Oniris s’adapte à chaque dentition et son prix de 69 euros le rend abordable au plus grand nombre. Et au vu du nombre de visiteurs sur le stand, on peut en déduire que ronflements et apnées du sommeil sont aussi des problèmes bien français.