France: les Bretons en colère réclament la mort de l'écotaxe

Nouvelle journée de mobilisation ce samedi 2 novembre en Bretagne. Deux manifestations sont prévues pour réclamer la suppression de l'écotaxe, nouvel impôt que les entrepreneurs locaux refusent de payer. Dans un contexte de crise sociale et économique, le gouvernement semble pourtant ne pas être prêt à tous les consensus.

Plusieurs milliers de personnes coiffées de bonnets rouges sont attendues ce samedi 2 novembre à Quimper lors d'un rassemblement pour l'emploi en Bretagne, sur fond de fronde contre l'écotaxe. Une manifestation au sujet de laquelle le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a mis en garde vendredi contre toute « spirale de la violence ».

Plusieurs organisations se sont également désolidarisées de l'appel à manifester. Les syndicats CGT, Solidaires et FSU, ainsi que Europe Ecologie-Les Verts et le Front de gauche ont appelé à leur propre manifestation à Carhaix (Finistère), une action dont l'ampleur attendue est cependant moindre.

Les organisateurs de Quimper espèrent eux accueillir 10 000 personnes. Une foule hétéroclite compose cette coalition très large et surtout totalement inédite : des salariés licenciés ou très inquiets, des patrons d'entreprise, des agriculteurs, des commerçants et des représentants de la grande distribution. Jamais ils n'avaient défilé ensemble. Un mot d'ordre les rassemble : non au déclin de la Bretagne.

Exigences

La principale revendication est très concrète : la suppression totale de l'écotaxe, cette taxe pour les poids lourds. L'un de leurs arguments, c'est que la Bretagne est une région enclavée : taxer le transport est donc à leurs yeux une mesure particulièrement injuste. Le symbole de cette manifestation est d'ailleurs un bonnet rouge, qui rappelle une révolte antifiscale qui avait soulevé la région au XVIIème siècle.

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Les élus, les salariés, les chefs d'entreprise estiment de plus que cette affaire d'écotaxe est l'arbre qui cache la forêt. Jusqu'ici, la Bretagne était en quelque sorte protégée de la crise. Avec un taux de chômage en-dessous de la moyenne nationale. En quelques mois, tout a basculé : la filière agrolimentaire, le plus gros employeur de la région, se porte très mal. Les fermetures d'entreprises avec des centaines de suppressions d'emplois à la clé se multiplient. Ce qui va se manifester dans la rue est autant une colère antifiscale qu'une inquiétude devant l'avenir économique de la région.


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La Bretagne est au 7ème rang des régions françaises, sur 22, pour son apport à la richesse nationale. C'est aussi la première région d'élevage de porcs et la deuxième pour les bovins. Ces dernières années, les Bretons payaient en moyenne moins de taxes locales - taxe foncière, d'habitation ou taxe professionnelle - que la moyenne nationale.

Le taux de chômage dans la région est à 1 % en-dessous de la moyenne en France qui se situe à 10,5 %. Mais depuis quelques mois, l'emploi se dégrade plus vite qu'ailleurs en France métropolitaine. Tous les secteurs d'activité sont concernés, mais les pertes d'emploi dans l'agroalimentaire représentent les deux tiers de la progression du chômage en Bretagne. D'où l'inquiétude qui règne dans ce secteur industriel qui avait jusqu'à présent plutôt bien résisté à la crise.

La filière élevage, constituée pour l'essentiel de petites et moyennes entreprises, peine de plus en plus face aux géants de l'agroalimentaire allemands, néerlandais ou belges. Des 65 000 emplois dans l'industrie agroalimentaire bretonne, plus de 3000 seraient menacés.

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