Costume sévère, allure rigide, Denis Gautier-Sauvagnac, 70 ans, est aussi avare de ses mots. Interrogé sur sa situation personnelle, tout juste concède-t-il gagner 14 000 euros par mois. On n’en saura pas beaucoup plus. Son avocat, Jean-Yves Le Borgne, prend le relais pour défendre une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) susceptible de faire dérailler, espère-t-il, le procès de l'UIMM. Une QPC qui, à elle seule, résume tout le dossier.
« Quelle étrange affaire ! », entame l’avocat. « On est là, poursuit-il, pour protéger une victime, l’UIMM ! ». Il est vrai que dans ce dossier, la fédération de la métallurgie n’a jamais reproché à l’ancien président Gautier-Sauvagnac d’avoir distribué des millions d’euros sous forme d’enveloppes. « Il n’y a pas eu d’enrichissement personnel », ajoute le bâtonnier Le Borgne. Mais voilà, lors de l’instruction, Denis Gautier-Sauvagnac a refusé de dire où était parti l’argent. A demi-mots, il a seulement avoué qu’il s’agissait de fluidifier les relations sociales.
« On incrimine le silence ! », martèle Jean-Yves Le Borgne. Et l’avocat de rappeler que « les faits sont antérieurs à la loi de 2008. Les syndicats ouvriers ou patronaux n’avaient à l’époque aucune obligation comptable ».
« Dans cette affaire, on torture le droit !», conclut la défense, car on estime que le non-lieu est un crève-cœur.
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