« On ne peut pas dire que il y a des catégories de population où leur origine justifierait qu'elle ne puisse pas s'intégrer [...]. Quand on dit ça, on est au-delà de ce qui met en danger le pact républicain. » Ces paroles de la ministre ont eu un premier effet : lui éviter de répondre sur les accusations de Noël Mamère, qui vient de claquer la porte d'Europe Ecologie-les Verts, et qui affirme que le clan de Cécile Duflot verrouille le parti. Finalement, elle a réussi à couper court à la polémique sur la crise chez les écolos. En attaquant le ministre de l'Intérieur, avec lequel - l'entourage de Cécile Duflot l'a concédé hier - « ça fait un moment qu'ils n'ont plus d'échanges », la ministre du Logement a fait diversion et a ressoudé les écologistes derrière elle.
Mais elle a pris le risque de provoquer une crise gouvernementale car elle prend le contre-pied de la ligne du gouvernement sur les Roms, qui semblait être celle de Manuel Valls. La porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem avait soutenu le ministre de l'Intérieur, à l'issue du Conseil des ministres, malgré les critiques déjà nombreuses. Cécile Duflot a donc choisi de faire fi de la solidarité gouvernementale pour jouer sa carte personnelle.
« fermeté et intégration »
Il paraît néanmoins peu vraisemblable qu'elle soit évincée du gouvernement. Contrairement à Delphine Batho, Cécile Duflot a un vrai poids politique. Et elle le sait. D'ailleurs la réaction très prudente de Jean-Marc Ayrault, présent à Angers hier, semble montrer une volonté d'apaisement. Le Premier ministre s'en est tenu à rappeler que la ligne du gouvernement était celle de la circulaire de 2012 sur les Roms, qui allie « fermeté et intégration ».
Des mots qui ont presque été repris à l'identique dans l'entourage de François Hollande qui était à Florange, « humanité et fermeté », a-t-on dit. Mais le président n'a pas répondu directement à l'interpellation de sa ministre du Logement, estimant qu'il n'avait pas à commenter les « déclarations politiques des uns et des autres ». On sent tout de même une pointe d'exaspération.