Festival d’Avignon: «Créatures»!

En poussant des cris et des grondements d’une animalité déconcertante, le slameur D’ de Kabal créé une ambiance irrésistible : « Je vois un concerto pour bêtes en sommeil au seuil d’un réveil imminent », écrit-il par rapport à Créatures, la pièce qu’il a présentée ce 14 juillet pour la dernière fois au Festival d’Avignon. Après avoir quitté le collectif Assassin, le rappeur français a découvert le théâtre, l’écriture, le slam et human beat box. Tout cela se retrouve dans cette création choc et sublime qu’il partage avec l'œil extérieur de Farid Berki et l’impressionnante Emeline Pubert. La danseuse oscille merveilleusement entre improvisation et composition, physicalité et dérision.

Une cage en verre au milieu d’un petit jardin pittoresque avec des feuilles de vigne qui grimpent au mur. À l’intérieur de la cage se réveille le buste nu et massif d’un homme en dreadlocks. Assis, il nous tourne son dos tatoué. En dehors de la cage, au fond du plateau nu comme une table d’opération, une jeune femme accroupie. Pendant que lui commence à lancer des respirations profondes comme le souffle d’une baleine, elle se courbe sur le sol comme un bébé dans le ventre de sa mère. La femme rampe vers la cage, rentrant en contact avec cet ogre, cet homme-animal qu’elle ne lâchera plus.

S’installe alors un ruisseau de sentiments, respirations, mouvements, claquements qui leur permet de se retrouver, de s’accorder, de trouver un terrain d’entente. Quand les regards se croisent, une autre animalité se réveille, adoucie par une feuille de vigne tombant dans la cage. La poésie de la vie, quel cadeau.

La pièce est sensuelle, poétique, magique, pleine de tendresse et d’animalité à la fois, avec des caresses qui transcendent la vitre, des percussions de corps à couper le souffle, des respirations slamées qu’on n’est pas prêt d'oublier.

Dans la pièce, tout est rythme, instinct, animalité… Pendant qu’elle se cherche, avec des mouvements zippés issus du ventre, lui creuse le sol et pousse des sons graves dans le micro qu’il mixe en direct : « Je suis », « Je me suis », finit-il à dire. Deux créatures, une voix, une chorégraphie corps et âme. 

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Créatures, de D’ de Kabal et Emeline Pubert, chorégraphie de Farid Berki. Présentée du 8 au 14 juillet au Festival d’Avignon dans le cadre de « Sujets à vif » au Jardin de la Vierge du Lycée Saint-Joseph.
D’ de Kabal présentera le 16 juillet à 20 h 45 son concert SoloSkyzoPhony à la Chapelle du Verbe-Incarné. 

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