Le photographe congolais Kiripi Katembo Siku s’affiche au Festival d’Avignon

« Je suis un écrivain qui écrit avec une caméra. » C’est lui le photographe de la photo qui est affichée partout dans cette ville-théâtre nommée Avignon. Kiripi Katembo Siku, artiste, photographe et réalisateur, né en 1979, à Goma, en République Démocratique du Congo, vit aujourd’hui à Kinshasa. Il a conçu l’affiche officielle de la 67e édition du plus grand festival de théâtre en Europe. Entretien.

Quelle est l’histoire derrière cette photo qui est sur le programme et l’affiche officielle de cette 67e édition du Festival d’Avignon ?

Cela fait partir d’une aventure où je me suis lancé dans les rues de Kinshasa. Je commençais à photographier les mouvements des gens, les rues, l’installation urbaine et sociale d’un peuple qui, inconsciemment, vit une installation contemporaine. Cela m’a amené à m’arrêter, à regarder plusieurs fois, et puis à prendre une photo. C’est ainsi que j’ai commencé à faire des portraits de paysages des villes comme Kinshasa, Brazzaville, Ostende. C’est ainsi que j’ai commencé à voyager dans les différentes villes, à m’arrêter, à regarder, à discuter avec des gens et après à prendre des photos.

Qu’est-ce qu’on voit sur cette image affichée un peu partout et qui intrigue autant ?

C’est une photo que j’ai prise à Kinshasa. C’est l’arrêt en image d’un enfant qui revenait de faire des petits achats personnels. Moi, je suis resté tranquillement derrière ma caméra en train d’attendre un moment paisible. C’est à ce moment-là que j’ai « chopé » ce petit enfant qui sortait d’une boutique et qui marchait dans la rue.

Vous montrez au Festival d’Avignon vos deux séries Mutations et Un Regard, réalisées entre 2008 et 2012 à Kinshasa et à Brazzaville. On y voit des bribes de terre, de ciel, de maisons, de flaques d’eau, de personnages… Quel est votre rapport avec ces deux villes ? Êtes-vous plutôt un chasseur ou un pêcheur d’images ?

Je suis un écrivain qui écrit avec une caméra. Je suis un peintre qui peint avec une caméra. J’essaie de faire des tableaux, de raconter une histoire à plusieurs titres, à plusieurs facettes, sur une ville, un milieu, un lieu, des gens, des vies…

Vous êtes actuellement dans la capitale du théâtre, de l’art vivant. En tant que photographe vous êtes ici parmi des comédiens, danseurs et metteurs en scène ?
 

Je me sens très à l’aise parce que Kinshasa est aussi une ville de théâtre. C’est une scène de théâtre vivante qui existe depuis une centaine d’années. Là-bas, tous les jours, il y a du théâtre, il y a des gens qui, inconsciemment, font du spectacle. Et c’est à cause de ces spectacles publics, ces spectacles urbains, que je me suis intéressé à prendre des photos de cette réalité, de ces « installations ». Dans mes photos, il y a ce côté installation urbaine des gens. Quelque chose que vous allez facilement trouver dans des pièces de théâtre ou dans des œuvres artistiques. Ce qui m’a étonné, c’était cela : comment les gens arrivent-ils, dans leur vie de tous les jours, à une mutation des choses, à faire des installations qui sont presque du théâtre.
 

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Yango, une exposition de Kiripi Katembo Siku dans le cadre du Festival d'Avignon. Jusqu'au 26 juillet à l'Ecole d'art. Entrée libre.
 

 

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