Pierre Gattaz n'avait plus qu'un seul adversaire : Hervé Lambel, président d'une société de production de cinéma et de spectacle vivant. Autant dire une candidature de témoignage. 95% des suffrages, c'est un score de maréchal, mais c'était attendu depuis le ralliement des autres principaux candidats.
En juin, Geoffroy Roux de Bézieux et Patrick Bernasconi, ancien second de la présidente sortante, s'étaient ralliés à lui. Ils en sont d'ailleurs récompensés puisque dans la nouvelle organisation que Pierre Gattaz compte mettre en place, ils obtiennent tous les deux le titre de vice-président délégué ainsi que la responsabilité de diriger l'un des huit pôles qui sont mis en place.
Pierre Gattaz, une figure dans le monde du patronnat
Pierre Gattaz est âgé de 53 ans. Il dirigeait jusque-là le groupe des fédérations industrielles, dont il faisait partie en tant que patron du Radiall, une entreprise de taille intermédiaire très exportatrice, qui produit des composants pour l'aéronautique, l'espace et l'électricité.
Le nom de Gattaz est par ailleurs connu dans le monde patronal. Entre 1981 et 1986, son père, Yvon Gattaz, avait dirigé l'ancêtre du Medef, le CNPF. A l'époque, il s'était distingué par une attitude très offensive devant le pouvoir socialiste de François Mitterrand.
Une personnalité sans concession
Plusieurs raisons à cela, outre son ascendance. Pendant sa campagne, Pierre Gattaz avait prôné un Medef de combat. Il s'était aussi montré très offensif contre les 35 heures, sur la fiscalité des entreprises et sur le niveau de la dépense publique. Par ailleurs, Pierre Gattaz était soutenu ouvertement par l'ancien vice-président du Medef Denis Kessler, souvent jugé très libéral.
Tous ces éléments ont suscité des inquiétudes sur sa volonté de dialogue. Du coup, il a aussi affirmé être un fervent partisan du dialogue social, même s'il préfère sa mise en œuvre en priorité au niveau du terrain.
Le premier test va arriver rapidement
Ce premier test arrivera dès jeudi 4 juillet, puisque Jean-Marc Ayrault va recevoir à Matignon les organisations syndicales représentatives de patrons et de salariés pour la première réunion de concertation sur la réforme des retraites. Pierre Gattaz a déjà fait connaître ses positions : surtout pas de hausse des cotisations, allongement de la durée de cotisation et relèvement de l'âge légal de départ à la retraite, actuellement fixé à 62 ans.
C'est un véritable chiffon rouge pour les syndicats de salariés, et même pour le gouvernement, qui a fait retirer les références à une telle mesure dans les recommandations par pays de la Commission européenne, qui ont été adoptées en fin de semaine dernière par le Conseil européen.
Dans les conclusions de ce Conseil, il y avait aussi l'affirmation du dialogue social comme moyen de discussion des réformes structurelles. C'est la méthode Hollande affirmée lors des deux premières conférence sociale. C'est aussi cette méthode qui va passer un test avec l'élection de Pierre Gattaz à la tête du Medef.
Laurence Parisot, la sortante
Laurence Parisot s'efface, contrainte et forcée, après huit années de présidence. Elle avait tenté de faire modifier les statuts du Medef pour pouvoir obtenir un nouveau mandat. Cela avait été refusé par le comité statutaire de l'organisation. Dès lors, Laurence Parisot n'a pu suivre la campagne qu'en spectatrice. Mais il est évident qu'en huit ans, elle a pris goût à son rôle et a d'ailleurs déjà annoncé son intention de continuer à participer au débat public. C'est aussi un élément dont Pierre Gattaz devra tenir compte.