Avec cette garde à vue qui se prolonge, l'enquête se resserre et une confrontation n'est pas exclue entre Stéphane Richard et l'ancien président du CDR, le consortium de réalisation, chargé de liquider le passif du Crédit lyonnais. Il s'agirait de percer l'abcès et de mettre chacun face à ses contradictions.
Stéphane Richard, notamment, a considérablement varié dans ses déclarations publiques juste avant d'être entendu par les enquêteurs. Un jour, il affirmait au Canard enchaîné avoir reçu une intruction précise de la part de Claude Guéant, alors secrétaire général de l'Elysée, pour privilégier l'arbitrage lors d'une réunion organisée en 2007 avec Jean-François Rocchi . Le lendemain, il affirmait le contraire, prétendant qu'il n'y « avait eu ni ordre, ni instruction ni pression particulière de l'Elysée ».
Les enquêteurs s'efforcent donc actuellement de démêler cet écheveau inextricable pour déterminer les responsabilités exactes de chacun, histoire de remonter entièrement toute la chaîne de décisions. Rappelons que l'un des trois juges du tribunal arbitral, Pierre Estoup, a été mis en examen pour « escroquerie en bande organisée » : il s'agit donc maintenant d'identifier précisément chacun des membres de la bande en question.
L'ancien bras droit de Christine Lagarde bénéficiait à l'époque d'un pouvoir étendu à Bercy : c'est lui qui recevait les grands patrons, comme Bernard Tapie. Il suivait les dossiers sensibles, en cheville avec Claude Guéant. C'était un interlocuteur politique essentiel. Une sorte de « vice-ministre » qui a manifestement beaucoup de mal à jouer aujourd'hui le rôle de fusible potentiel.