Le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, a bloqué début mai le rachat par le groupe américain Yahoo du site Dailymotion, une filiale du groupe France Telecom-Orange dont l'état est actionnaire. Pourquoi le ministre du Redressement productif a-t-il fait capoter les négociations entre France Télécom et Yahoo ?
Il convient d’abord de rappeler ce qu'est Dailymotion. C'est une start-up française, créée il y a huit ans. Un site où chacun peut regarder et, surtout, échanger des vidéos, le tout financé par la publicité en ligne. Avec plus cent millions d’internautes qui se connectent chaque mois, Dailymotion est aujourd’hui un site très populaire sur la Toile. Un concurrent de l’américain YouTube, qui appartient à Google.
Interventionnisme, protectionnisme
France Télécom, le propriétaire de Dailymotion, voulait en revendre les trois quarts à l’américain Yahoo. Mais Arnaud Montebourg s’y est opposé, car, selon lui, Dailymotion doit « rester français », au moins à 50%. Yahoo a donc jeté l’éponge. Plusieurs patrons ont crié à l'interventionnisme. Le défenseur du « Made in France » s’est défendu de tout protectionnisme, expliquant qu’il aurait accepté la vente de la jeune entreprise, mais dans d'autres conditions.
Reste que l’Etat est actionnaire de France Télécom, mais seulement à hauteur de 27%, ce qui ne lui donne pas le droit de décider. C’est pourquoi le ministre des Finances, Pierre Moscovici, a pris ses distances vis-à-vis de la position d’Arnaud Montebourg. Il a rappelé que la volonté du président François Hollande était de promouvoir la liberté d'entreprendre. Et que rien ne devait s'y opposer.
Yahoo, un groupe sur le déclin
Qui à tort ? Qui a raison ? Arnaud Montebourg ne manque pas d’intuition. Cette vente était positive pour Yahoo, qui aurait ainsi élargi son offre de services. Elle l'était également pour France Télecom, qui aurait fait une belle plus-value. Mais cette cession de Dailymotion n’était pas très bonne pour la France. Là, Arnaud Montebourg a vu juste.
En effet, Yahoo est un groupe internet sur le déclin, qui n'a pas résisté à la concurrence du géant Google. Le site est passé de la place de numéro un mondial en 2007, à la quatrième position, derrière Google et Facebook, notamment. La vente de Dailymotion à l'Américain aurait transformé l'entreprise française en un simple service de Yahoo.