L'idée du film avait été proposée à François Hollande avant même sa désignation à la primaire socialiste. Le candidat avait alors accepté, et avait tenu sa promesse, une fois élu.
Jouer la transparence, désacraliser la fonction, pour apparaitre en président « normal ». Il y a de ça, c'est vrai, dans ce film qui nous entraine pendant 1 h 45 dans les coulisses de la présidence Hollande, avec ses nombreuses réunions qui semblent parfois occuper l'essentiel de l'agenda du président.
Le Pouvoir, c'est un peu les Journées du patrimoine, quand le palais de l'Elysée est ouvert au public, mais là on peut y voir le président, en vrai, qui travaille.
Le poids du protocole
François Mitterrand était un grand solitaire dans l'exercice du pouvoir. François Hollande, lui, aime la collégialité. C'est le chef, mais un chef parfois obligé de conseiller ses propres conseillers. Parfois, aussi, obligé d'attendre qu'ils aient fini de bavarder pour en placer une.
Il y a aussi le reste, les dorures de l'Elysée, le protocole « qui fait qu'on échappe à soi même », explique François Hollande dans le film. Ce palais de l'Elysée qui a fait de tout président élu au suffrage universel un monarque républicain.
Officiellement, il n'y a pas eu de censure a posteriori. L'équipe était autorisée, ou pas, à filmer certaines séquences. Cela donne un curieux mélange de scènes spontanées et d'autres où l'on voit bien que François Hollande sait qu'il est filmé. Des scènes dans lesquelles on le sent presque jouer son rôle pour la caméra. Le Pouvoir filme le pouvoir par touches impressionnistes, mais on n'y voit pas grand-chose. Seulement ce que l'on a bien voulu laisser filmer.
Une réflexion sur le pouvoir
Un constat se détache, mais ce n'est pas une surprise : le pouvoir isole. Ce dont François Hollande était parfaitement conscient. Il le théorisait déjà pendant sa campagne présidentielle, il y a plus d'un an. « Ne pas s'isoler, c'est une bataille de tous les instants », dit aussi Hollande dans le film. C'est l'un des messages qu'il donne à tous ses collaborateurs, lors de son arrivée à l'Elysée.
Et pourtant, au bout du compte, ce que l'on voit de ce président, c'est une succession de réunions, d'entretiens, dans un palais hors du temps, qui n'a pas bougé depuis 1981, à l’époque où François Hollande était jeune conseiller de François Mitterrand.
Plus qu'un film sur le pouvoir, au fond, Le Pouvoir est un film sur l'Elysée, qui tient à la fois lieu de décor et de second rôle. L'Elysée, comme une métaphore sur ce pouvoir, dont on voit bien au fil du film qu'il est ailleurs, à Bruxelles, dans la mondialisation.