Baz Luhrmann ouvre le Festival avec un «Great Gatsby» au Disneyland

Ce sont les paillettes qui règnent ce soir sur la Croisette à la cérémonie d’ouverture de ce 15 mai : la robe en organza et mousseline de soie, couleur menthe givrée, créée pour la maîtresse de cérémonie Audrey Tautou, le sourire souverain de Steven Spielberg descendu de son yacht pour présider le jury, mais aussi les stars qui crèvent l’écran comme Leonardo DiCaprio, à l’affiche du film d’ouverture hors compétition Gatsby le Magnifique du réalisateur australien Baz Luhrmann. Sortie le week-end dernier aux Etats-Unis, le film a déjà cartonné au box-office avec plus de 50 millions de dollars de recettes.

 

Après la première aux Etats-Unis, il y a quelques jours, la presse parlait d’un accueil mitigé. Au Festival de Cannes, Gatsby le magnifique du réalisateur australien Baz Luhrmann à vécu un accueil glacial lors de la projection presse. En effet, les deux seuls rescapés de cette adaptation surdimensionnée sont les paroles issues du roman mythique de F. Scott Fitzgerald The Great Gatsby et l’acteur Tobey Maguire qui excelle avec son incarnation raffiné du personnage de l’apprenti écrivain Nick Carraway, le seul véritable ami de Jay Gatsby.

Le tant attendu Leonardo DiCaprio n’arrive jamais à convaincre avec son interprétation du héro qui croît dur comme fer qu’on peut changer le passé (« La vie, ça se domine »). Dans une société qui danse au bord du gouffre, il se paye le luxe d’entretenir des sentiments nobles. Quant à l’acteur, il frôle plusieurs fois le pathétique, comme avec cette scène très « Titanic » sur la jetée : Leonardo DiCaprio dans les bras de son grand amour impossible (Daisy Buchanan, interprétée avec verve par Cary Mulligan).

Les années folles

C’est le printemps 1922, l’époque des années folles : l’alcool coule à flot, la bourse atteigne des sommets inimaginables et la contrebande engrange des fortunes. Le film raconte l’histoire du Jay Gatsby. Ce mystérieux millionnaire vit retranché dans son palais de plaisir de Long Island où il boit du thé nature et invite le tout-New York pour des fêtes sans limites ni tabous. En réalité, sa vie est un seule est unique invention, une façade, un prétexte pour repartir à zéro et revivre un grand amour.

Baz Luhrmann, réalisateur de très acclamé Moulin Rouge (2001), utilise les grands moyens pour rivaliser avec les quatre adaptations précédentes du Great Gatsby dont la version mémorable de Jack Clayton avec Robert Redford. Hélas, chez Luhrmann tout semble simplement superposé. Le 3D ne suffit pas à reconstituer la sensibilité exacerbée et tourmentée des personnages, le faste des décors ne réussit pas à nous faire revivre l’ambiance déchainée des années folles. Le feu d’artifice d’effets spéciaux (de-)rythment le récit qui n’avait nullement besoin d’être surchargé d’animations superflues. A la fin, même les incroyables travellings au-dessus du Manhattan n’arrivent plus à procurer des sensations. Trop romancé, le conte de fée ne s’installe pas. Luhrmann transforme le livre charnel, tragique et passionnant de Fitzgerald en confetti cinématographique bling-bling avec des personnages aseptisés digne d’un parc d’attraction de Disneyland. « Quand Fitzgerald a écrit ce livre, on l’a traité de clown ! » a réagit le réalisateur lors de la conférence de presse.

L'histoire et la musique

Curieusement, c’est l’élément invisible, la bande sonore, qui tire son épingle de jeu de cette superproduction : entrechoquer l’histoire de Gatsby le Magnifique avec les mélodies anachroniques ou revues de Cole Porter, Bryan Ferry, U2, Jay Z ou Lana Del Rey, s’avère être une excellente idée. C’est probablement le seul élément qui restitue et transcende cette histoire romantique et tragique dans la folie des années 1920 et la transmet à notre époque.

 

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