De quoi êtes-vous le plus cher cette année ?
Nous sommes fiers que - contre vents et marées et depuis plus de 65 ans - le Festival de Cannes continue non seulement de vivre, mais de trouver et d’obtenir cette légitimité-là. On vit dans un monde en crise et pourtant, les gens continuent à penser que Cannes est important : les belles robes, le smoking, le tapis rouge, le glamour. Cela me fait penser que, au moment où il y a des crises, la créativité des artistes était à son point maximal. Le cinéma n’est pas la chose la plus importante du monde, sauf pour nous cinéphiles, mais c’est difficile de vivre sans le cinéma. On aimerait que Cannes soit une belle nouvelle dans ce monde où il n’y en a pas beaucoup en ce moment.
Le président du jury est cette année Steven Spielberg, réalisateur américain, mythique, extrêmement populaire. Comment avez-vous le convaincu ?
On n’a pas eu besoin de le convaincre, il avait très envie. On s’est parlé il y a trois ans, il avait dit que c’est quelque chose qu’il aimerait beaucoup faire. Et puis on a trouvé l’opportunité.
L’édition 2013 témoigne d’une sélection très franco-française, il y a six réalisateurs français sur 20 en lice pour la Palme d’or. C’est très rare. Est-ce que c’est un choix militant en forme de soutien du cinéma français.
Justement, ce n’est pas franco-français. C’est la France et des pays étrangers, parce qu’on s’aperçoit que les Français sont partout dans le cinéma, produisent, coproduisent. James Gray a tourné un film à New York avec Marion Cotillard, et le film est fait avec de l’argent français. Le film de Guillaume Canet est un film américain, mais lui il est évidemment français. Le film du Tchadien Mahamet Saleh Haroun est également un film dans lequel la France est très présente. Pourquoi ? Parce que la France a inventé un système de production qui préserve son propre cinéma, mais qui aide aussi le cinéma d’ailleurs. Nous ne faisons aucune déclaration de principe, on ne fait pas une sélection pour aider le cinéma français, on fait la meilleur sélection possible. Il trouve que dans les bons films, il y a des films français et des films américains.
Vu de Cannes, on a le sentiment que le cinéma français va bien. Or, on est quand même en période de crise, d’austérité budgétaire, il y a des questions de financement. Cette sélection, est-ce que cette une façon de conjurer le mauvais sort ?
Il faut bien se garder de faire une analyse sur une seule année. Les analyses, il faut les faire sur plusieurs années. Il y a deux ans, c’était l’année de The Artist, de Intouchables, de La Guerre est déclarée, de Polisse qui faisaient la gloire du cinéma français à l’étranger. On avait les mêmes conclusions comme quoi le cinéma français serait le meilleur cinéma du monde. Le cinéma est un art improbable. Il n’y a pas de vérité, il n’y a pas de règle pour le faire. Il y a des années plus ou moins bonnes.