Un mandat d'arrêt européen a été diffusé dans l'ensemble de l'espace Schengen, a annoncé la garde des Sceaux Christiane Taubira après l'évasion spectaculaire de Redoine Faïd de sa prison de Sequedin.
Il est 8h30, ce samedi matin, lorsque Redoine Faïd, armé, prend en otage quatre surveillants. Il a également avec lui des explosifs. « Tout à coup, raconte un témoin, tout a sauté ». Il y aurait eu cinq explosions, détruisant cinq portes.
Redoine Faïd prend la fuite à bord d'un premier véhicule, relâche deux otages. Il monte ensuite dans une voiture relais. Les deux autres surveillants sont libérés un peu plus tard au niveau de la route nationale. Choqués, ils sont néanmoins sains et saufs.
La police a déployé d'importants moyens. Christiane Taubira, garde des Sceaux, a même fait le déplacement.
Redoine Faïd n'est pas n'importe quel délinquant. Braqueur chevronné âgé de 40 ans, il a déjà passé plus de dix ans derrière les barreaux. Libéré en 2009, il a de nouveau été interpellé deux ans plus tard pour braquage. La police le soupçonne surtout d'être le maître d'œuvre, en mai 2010, d'un projet d'attaque à main armée à Villiers-sur-Marne, qui avait coûté la vie à une jeune policière municipale.
Le roi de la belle
Redoine Faïd, est désormais devenu le roi de la belle et il n'en est pas à sa première cavale. Dans le passé, il a déjà su trouver refuge en Israël après avoir transité par la Suisse. Reste à savoir si le fugitif traqué par toutes les polices d'Europe a les moyens de financer sa fuite. Une certitude, ce vieux routier du grand banditisme a de la ressource et dans le milieu, il est nettement au-dessus du lot, estime son avocat Jean-Louis Pelletier.
« C’est un garçon qui est remarquablement intelligent. Il a aussi acquis, je ne dirais pas un certain bagage, mais une certaine instruction en prison. Et c’est quelqu’un de dynamique, il a un certain charisme, une certaine personnalité. C’est quelqu’un qui ne passe pas forcément inaperçu. Il est d’un abord qui est assez agréable. Je pense que vu son temps de détention, il l’a aussi mis à profit pour pas ne pas travailler. Il a occupé son temps. »
Surnommé « le cerveau » pour sa capacité d'adaptation, Redoine Faïd répond aussi au sobriquet de « l'écrivain ». Il y a trois ans, il a publié une autobiographie dans laquelle il se présentait en braqueur repenti, assurant avoir enterré son passé. Au fil de son parcours judiciaire, il a également maintes fois clamé au juge son désir de réinsertion. « Le cerveau » a visiblement un autre atout, il est aussi le roi de la manipulation.