Entre les magistrats, le juge Gentil et Nicolas Sarkozy, la tension est à son comble

Entre le juge Gentil et Nicolas Sarkozy, le climat est tendu. L'ex-président de la République parle de traitement « scandaleux » et d'injustice à son encontre. On évoque même des mots de menace proférés devant le juge. L'UMP tire à boulet rouge sur le magistrat qui a mis l'ancien président en examen, dans l'affaire Bettencourt. L'un d'eux, Henri Guaino, ex-conseiller spécial de l'ancien locataire de l'Elysée, va jusqu'à qualifier Jean-Michel Gentil d' « indigne » d' « irresponsable », l'accusant de « déshonorer » la justice. Des diatribes particulièrement violentes, pas seulement à l'encontre d'un magistrat, en particulier, mais contre l'action de justice, dont la légitimité est attaquée, une nouvelle fois.

Cela ressemble quasiment à un mode d’emploi du dénigrement de l’action judiciaire au service de personnalités politiques de droite le plus souvent, mais aussi de gauche comme dans les multiples affaires Strauss-Kahn. Qu’une procédure soit ouverte et c’est aussitôt une justice sous influence qui est montrée du doigt, soit téléguidée par le camp d’en face ou instrumentalisée par un magistrat revanchard.

Les juges eux-mêmes le soulignent, ces attaques révèlent, au fond, le rôle dévolu à la justice par de trop nombreux politiques comme si une impunité pénale leur était due au nom d’une démocratie que des magistrats partiaux, voire certains medias acharnés, mettraient en péril en faisant tout simplement leur travail.

Menace

Plus préoccupant encore, les menaces. François Mitterrand en avait usé en son temps, par caractère et déni de la séparation des pouvoirs que Nicolas Sarkozy semble partager. En s’entendant signifier jeudi soir sa mise en examen, il aurait en effet lancé au juge : « ne vous inquiétez pas, je n’en resterai pas là ». Des mots reçus comme une menace qui ont bien failli se retrouver noir sur blanc dans le procès verbal d’audition.

En revanche, le juge d'instruction bordelais, Jean-Michel Gentil a décidé hier, samedi 23 mars, de porter plainte contre le député UMP des Yvelines, Henri Guaino, pour outrage et injures publics.

 

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